La maison du docteur Wenders
Le 27 septembre 2015
A travers son utilisation de la 3D, Everything will be fine interroge les limites de l’exploration visuelle. Le long-métrage déconcerte autant qu’il fascine par son austérité et ses bons sentiments.
- Réalisateur : Wim Wenders
- Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Marie-Josée Croze, Rachel McAdams, Peter Stormare, James Franco
- Genre : Drame, 3D
- Nationalité : Français, Canadien, Allemand, Suédois, Norvégien
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 01h55mn
- Date télé : 29 mai 2017 22:45
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 22 avril 2015
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– Sortie DVD (2 disques) : le 22 septembre 2015
A travers son utilisation de la 3D, Everything will be fine interroge les limites de l’exploration visuelle. Le long-métrage déconcerte autant qu’il fascine par son austérité et ses bons sentiments.
L’argument : Après une dispute avec sa compagne, Tomas, un jeune écrivain en mal d’inspiration, conduit sa voiture sans but sur une route enneigée. En raison de l’épaisse couche de neige et du manque de visibilité, Tomas percute mortellement un jeune garçon qui traversait la route. Après plusieurs années, tandis que ses relations volent en éclats et que tout semble perdu, Tomas trouve un chemin inattendu vers la rédemption : sa tragédie se transforme en succès littéraire.
Notre avis : Tourné en 3D, en prises de vue réelles, Every thing will be fine emprunte à l’univers du conte une singularité fantastique. Les grains de poussière scintillent à la lumière du jour, les flocons de neige abondent en cascade de ciels gris, les personnages se détachent du cadre. Epris de compositions naturalistes, Wim Wenders embrasse les nouvelles techniques technologiques et de cette étreinte naît l’un des exemples les plus flagrants du nouveau cinéma stéréoscopique. L’utilisation de travelling compensés abouti à de superbes déformations de perspectives. Sublimée par le relief, la mise en scène permet au spectateur d’éprouver flottements et vertiges. Au seuil des maisons, la caméra se fixe et enferme l’oeil curieux dans d’intimistes espaces clos.
© Bac Films
Wim Wenders et le directeur de la photographie Benoît Debie puisent leurs inspirations dans le travail de peintres comme Andrew Wyeth, Vilhem Hammershoi ou Edward Hopper. Le traitement de la lumière et ses couleurs s’en ressent. Un immense champ de soja doré par le soleil, un ancienne grange, un arbre centenaire planté au milieu d’un pré, une vallée verdoyante... Les cadres travestissent les paysages en songes. La bande-originale du film, composée par Alexandre Desplat et interprétée par l’orchestre symphonique de Gotheburg -orchestre national de Suède-, entretient cette atmosphère féérique et favorise la mise en place d’une dimension psychologique nouvelle.
© Bac Films
L’utilisation de la 3D exige un minimalisme extrême dans le jeu des acteurs. James Franco, pièce maîtresse du film, adopte la technique du dépouillement. Mis à nu, il exprime à travers un visage clos les sentiments fluctuants qui l’habitent. Mélodrame glacial, Everything will be fine explore le processus de guérison d’un traumatisme. Wim Wenders nous fait part de ses scrupules d’artistes. Est-il moral d’exploiter les souffrances d’autrui si il s’agit de création ? Mâtiné de pathos, le long-métrage n’en demeure pas moins le témoignage d’un metteur en scène à la recherche d’un cinéma nouveau.
Faute d’un blu-ray avec une version 3D que l’éditeur Bac n’a pas pu sortir, en raison d’un budget restreint et d’un marché vidéo 3D balbutiant, on se contentera d’une version DVD 2D. La qualité est pourtant au rendez-vous. On apprécie les efforts faits dans les bonus, répartis sur un deuxième disque.
Les suppléments :
Le masterclass de près de 2h que le cinéaste Wim Wenders a assuré, en français, au Forum des Images cette année, est retranscrit dans son intégralité. Erudit, profond, passionné, cet exercice de rétrospective revient sur une carrière prodigieuse, qui a permis à l’auteur de côtoyer les géants (Antonioni, Nicholas Ray...). Un pur régal de cinéphilie.
Un long making-of de 38mn, ponctué d’entretiens des intervenants du film (Wenders, bien sûr, mais aussi Charlotte Gainsbourg, ou James Franco), enrichit un peu plus cette édition personnalisée qui veut rendre hommage à son auteur.
L’image :
Gracieuse, profonde pour répondre aux exigences d’une 3D que l’on devine aisément sur cette copie DVD, l’image assure une beauté froide assez fascinante.
Le son :
On passera vite sur l’ineptie de la version française que l’on ne conçoit pas chez Wenders ; le DVD se distingue par un beau score et des dialogues cristallins, dans une version originale, en anglais donc, en 5.1D.D., qui opère dans ses arrières, surtout par l’ampleur de sa composition musicale.
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