Le 8 septembre 2017
Lumet s’approprie la pièce brillante de Peter Shaffer en proposant une réflexion subtile sur le conflit entre la norme et la passion. Un beau film méconnu et l’un des grands rôles de Richard Burton en psychiatre dévoré par le doute.
- Réalisateur : Sidney Lumet
- Acteurs : Richard Burton, Colin Blakely, Eileen Atkins, Harry Andrews, Peter Firth, Jenny Agutter, Joan Plowright
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : Swashbuckler Films, Les Artistes Associés
- Editeur vidéo : Outplay
- Durée : 2h17mn
- Box-office : 24.638 entrées (Paris-périphérie)
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 22 mars 1978
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Résumé : Lors d’un accès de folie, le jeune Alan Strang a crevé les yeux des six chevaux de l’écurie où il travaillait. Martin Dysart, un psychanalyste de renom, est chargé de découvrir les raisons de ce geste. Dysart plonge peu à peu dans l’âme torturée d’Alan, où se mêlent sexe, passion et un secret profondément gardé…
Critique : Equus est à l’origine une pièce de Peter Shaffer qui connut un grand succès à Londres puis à Broadway. L’adaptation cinématographique, notamment pour les dialogues, a été effectuée par Schaffer lui-même. Richard Burton reprend le rôle qu’il avait tenu à la scène, le psychiatre Dysart ayant été auparavant interprété par Colin Blakely, qui incarne le père à l’écran. Quant au jeune Alan Strang, il a dans le film les traits de Peter Firth, qui l’avait lui aussi créé au théâtre. Sidney Lumet est aux commandes pour la mise en scène, lui qui s’était déjà frotté à un matériau théâtral dans La Mouette, d’après Tchekhov, tout en ayant réalisé des œuvres dont le dispositif se rapprochait d’un certain théâtre filmé (l’excellent Douze hommes en colère). Equus est un modèle d’adaptation, le film réussissant à être aussi passionnant que le texte.
- Copyright Swashbuckler Films
Selon les critiques ayant assisté aux représentations théâtrales, l’émotion et le vertige suscités par le long métrage sont dans le prolongement du choc esthétique qu’ils avaient ressenti pour la pièce. Lumet assume le caractère littéraire et scénique de son matériau, tout en utilisant au maximum les ressources du 7e art : on songe au particulier aux plans fixes au cours desquels Richard Burton s’adresse en solo à la caméra, équivalent filmique du monologue du comédien sur scène. Le recours au flash-back pour les scènes de traumatisme (la première chevauchée sur la plage), le montage à la fois elliptique et explicite pour les passages horrifiques ou des plans envoûtants à la limite de l’onirisme révèlent un véritable sens de la réalisation, sans aérer inutilement l’action. On regrettera juste l’emphase de certaines séquences, les crises de nerfs du jeune homme ou son pétage de plomb dans la scène emblématique trahissant un surjeu qui a du mal à passer à l’écran.
- Copyright Swashbuckler Films
Quant aux thèmes évoqués, ils dénotent une réelle audace d’écriture autant qu’une richesse de réflexion, du poids aliénant de la religion (la bigoterie de la mère, jouée par Joan Plowright) au caractère répressif de la psychiatrie, en passant par la difficulté à concilier liberté et transgression de l’ordre social. On peut penser que Sidney Lumet qui a toujours voulu témoigner des injustices de son époque et du dilemme moral que doit affronter l’homme (Dysart n’est guère éloigné du flic Serpico), s’est réellement approprié les problématiques posées par le dramaturge. Sa direction d’acteurs est par ailleurs remarquable comme à son habitude. Outre les comédiens cités se distinguent Jenny Aguitter délicate en petite amie par qui le drame arrive, ou le vétéran Harry Andrews, en éleveur de chevaux confronté à l’horreur. Equus est donc au donc au final un beau film trop méconnu, qu’il convient de faire découvrir à une nouvelle génération de cinéphiles.
Le combo blu-ray & DVD
Les suppléments :
Le combo propose un bonus vidéo d’une heure, avec la bande-annonce originale, ainsi que deux entretiens : l’un (45 mn) avec Jean-Baptiste Thoret, historien du cinéma et Derek Woolfenden, programmateur et cinéaste : ils évoquent avec érudition la place d’Equus dans la filmographie de Lumet ; l’autre (12 mn) avec Pascal Laëthier, psychanalyste, est tout aussi instructif mais davantage axé sur la thématique de la pièce et du film. Un dossier de presse d’époque est joint au coffret. Du coup, on regrette que la filmographie des protagonistes soit incomplète. On aurait aimé aussi avoir davantage d’informations sur la pièce et certains de ses interprètes ultérieurs : François Périer et Stéphane Jaubert, Richard Griffiths et Daniel Radcliffe, Bruno Wolkowitch et Julien Alluguette.
L’image :
Le film dispose d’un nouveau master HD restauré. Les couleurs d’Oswald Morris sont bien restituées et l’édition rend grâce au travail du directeur artistique Simon Holland et du spécialiste des effets spéciaux Kit West. Une acuité épidermique remarquable et un beau piqué en blu-ray font de cette restitution une vraie réussite.
Le son :
Le son en Dolby Digital 2.0 HD Master Audio est accessible aux malentendants et dispose de deux versions. En bons cinéphiles, nous ne conseillerons que la VOSTF, en dépit du talent des acteurs de doublage dans la VF ; la bande-son porte les dialogues à leur paroxysme lors des scènes intenses et rend la projection d’autant plus tendue.
– Sortie DVD et Blu-ray : le 5 septembre 2017
– Golden Globes 1978 : Meilleur acteur dans un film dramatique (Richard Burton) - Meilleur acteur dans un second rôle (Peter Firth)
– BAFTA 1978 : Meilleure actrice dans un second rôle (Jenny Agutter)
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