Le 6 avril 2011
- Scénariste : LEPAGE, Emmanuel
Viens, ami lecteur, laisse-moi te présenter notre invité. Il rentre d’un long voyage, il a encore du sel collé sur les cheveux et le regard de ceux qui reviennent de loin. Il rentre des Îles de la Désolation. Emmanuel Lepage est ici avec nous.
Et toi tu croyais que c’était l’été, n’est-ce pas ami lecteur ? Tu te voyais déjà gambadant dans les herbes folles, humant la nature enfin réveillée, le soleil chauffant les terrasses de café. Et bien non, ce n’est que le printemps et nous pouvons encore nous glisser dans un confortable fauteuil auprès d’un feu crépitant sans craindre d’avoir trop chaud.
Viens, ami lecteur, laisse-moi te présenter notre invité. Il rentre d’un long voyage, il a encore du sel collé sur les cheveux et le regard de ceux qui reviennent de loin. Il rentre des Îles de la Désolation. Emmanuel Lepage est ici avec nous.
Ton album « Voyage aux Îles de la Désolation » est une superbe improvisation intimiste d’images croquées sur le vif. Il y a les sensations, les visages expressifs… Tu immortalises la vie, le mouvement, les émotions surgies au fil d’évènements passés, et du quotidien.
E. Lepage : Merci !
C’était une évidence pour toi de te mettre en scène ?
Oui. A partir du moment où j’ai choisi de raconter ce voyage non sous forme d’une fiction mais d’un reportage. Ce récit était du coup éminemment subjectif et partiel, relaté à partir de choses vues et ressenties. Je n’ai pas prétention à l’exhaustivité.
Certes, c’est donc peut-être pour cela que le noir et blanc domine, est-ce pour jouer le contraste entre la vie sur le bateau et les paysages ?
Je voulais qu’il n’y ait pas de confusion entre ce qui avait été fait au cours du voyage, traité en général en couleur, et ce qui a été fait après à mon retour, en atelier. A savoir les grandes illustrations pleines pages et surtout le récit au lavis noir et blanc. Je voulais aussi me servir de la couleur pour l’impact graphique et narratif qu’elle peut avoir.
On a l’impression d’urgence dans ton écriture, est-ce le cas ?
Oui, le livre a été fait en moins de six mois comme si je voulais garder la dynamique du voyage, ne pas m’embourber dans des fioritures narratives ou graphiques. J’étais sur un nuage.
J’ai commencé ce livre sans savoir où j’allais. Sans scénario, sans même un chemin narratif autre que celui du voyage effectué. C’était très curieux et très excitant par rapport à tout autre livre que j’ai pu faire. Les images préexistaient (les croquis, les grandes illustrations) et il me fallait les intégrer de façon la plus fluide possible au récit. En fait, cette histoire est née d’images, le texte est venu ensuite.
D’ailleurs, est-ce que tu t’es mis à son écriture directement après être rentré ou as-tu du « digérer » le voyage ?
Non, la première chose réalisée au retour fut la création des grandes illustrations, comme si j’avais besoin de « fixer » mes visions, mes émotions. Le premier grand dessin réalisé fut celui qui est repris en couverture. J’ai rédigé le texte tout à la fin, après les 160 pages dessinées !
Qu’est-ce que ce voyage t’a appris sur toi ?
J’ai compris que l’imaginaire que je me suis créé enfant autour de mes lectures a largement contribué à ma façon d’aborder le voyage. Cela m’a fait réfléchir, tant dans mon dessin que dans mon rapport à l’Autre.
Le monde est riche de gens passionnés et passionnants qui m’ont fait découvrir un univers dont j’étais ignorant, celui de la science. J’ai aussi pris conscience de l’importance du collectif et de la solidarité pour vivre dans ces terres du bout du monde.
Se pourrait-il que ce voyage puisse nourrir ton imagination et influencer tes futures histoires ?
Oui, bien sûr. Les terres australes fourmillent d’histoires, mais peut-être n’ont-elles pas encore trouvé leur Francisco Coloane où leur Luis Sepúlveda qui l’un comme l’autre ont écrit des pages magnifiques sur la Terre de Feu. L’histoire de Kerguelen par exemple est fascinante. J’aimerais peut-être la raconter un jour.
Si tu ne devais retenir qu’une image des paysages…
L’arrivée à 6H30 dans une aube rose à Kerguelen. Le bateau ballotté dans des vagues turquoises décapitées par des vents à 120 km/h. Nous étions arrivés au but de notre voyage, dans le Monde du bout du Monde. Un rêve.
Merci à toi Emmanuel de nous avoir accordé de ton temps.
Je te libère ami lecteur, je te dis à bientôt, remonte ton col, il fait encore un peu froid et souris car c’est de la BD !
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