Enfants de Don Quichotte (acte 1)

Un film tract à la forme bâclée et peu cinématographique, mais qui permet de prolonger le combat des Enfants de Don Quichotte. Honorable.

L’argument : Le 26 octobre 2006, Augustin Legrand et Pascal Oumaklouf, de simples citoyens, décident de vivre dans la rue, au plus proche des sans-abri afin de les fédérer et de les amener à exiger le respect de leurs droits fondamentaux. Véritable camp retranché, le Canal Saint-Martin fut pendant plusieurs mois le lieu d’une nouvelle résistance. Voici l’histoire de leur combat dont ce film est un prolongement, une arme et un outil.

Notre avis : Ce documentaire relate et prolonge le combat des Enfants de Don Quichotte qui a permis de remettre le problème des sans-abri sur le devant de la scène et d’obtenir le fameux droit opposable au logement. Le métrage témoigne surtout de l’engagement et de la sincérité d’Augustin Legrand : malgré toutes les critiques sur sa mégalomanie, il a poussé les politiciens français - semblant peu concernés par les problèmes de précarité et de logement - à réagir et à prendre des décisions. L’œuvre insiste sur l’engouement opportuniste de la machine politico-médiatique pour les actions de l’association et sur les diverses tentatives de déstabilisation du mouvement. L’ensemble des actes symboliques effectués par les Don Quichotte avait pour but d’alerter l’opinion ; débordés par l’ampleur de l’agitation, les ministres de la république Christine Boutin et Catherine Vautrin ont alors cherché à rendre cette lutte irresponsable aux yeux du grand public. Pour rétablir la vérité, les auteurs, confrontent leurs images, prises de l’intérieur, à celles diffusées par les chaînes de télévision, qui ont souvent faussé leur message en relayant le discours du gouvernement. On découvre alors toutes les tensions et les difficultés survenues lors de l’occupation du Canal Saint-Martin.
La forme cinématographique du film est assez pauvre avec très peu d’idées de mise en scène ; elle est à l’image du combat de l’association qui s’est déroulé dans l’urgence et la précipitation. Mais est-il possible de disserter sur la beauté des plans pour une œuvre traitant d’une telle cause ? On touche ici au rôle social et politique du cinéma qui doit faire prendre conscience du contexte sociétal dans lequel nous vivons, ce documentaire ayant pour seul objectif de ne pas faire oublier la lutte essentielle des Don Quichotte pour les gens de la rue. On peut tout de même reprocher au métrage d’être trop centré sur l’action de Legrand - omniprésent à l’écran - alors que les déboires des sans-abri n’apparaissent qu’au second plan. On aurait aimé plus d’éléments sur l’état et le devenir de ces individus, dont la situation semble inchangée en 2008. Surtout, les réalisateurs n’ont pas trouvé de personnages documentaires intéressants pouvant donner une autre dimension au film. Ces défauts résultent peut-être de l’ego important de Legrand mais on ne peut remettre en cause son courage, ce qui amène à ne pas juger trop sévèrement ce documentaire aux intentions louables.