Une romance suédoise
Le 9 mai 2013
Un amour entre adolescents est victime des préjugés d’une communauté de bien-pensants. Ours d’or à Berlin, ce classique du cinéma suédois avait révélé l’étoile filante Ulla Jacobsson.
- Réalisateur : Arne Mattsson
- Acteurs : Erik Hell, Edvin Adolphson, Ulla Jacobsson, Folke Sundquist, John Elfström
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Suédois
- Distributeur : Les Films Fernand Rivers
- Editeur vidéo : Malavida
- Durée : 1h43mn
- Titre original : Hon dansade en sommar
- Date de sortie : 7 mai 1952
- Festival : Cinémathèque de Nice, Festival de Cannes 1952, Festival de Berlin 1952
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Résumé : Deux jeunes gens, Goran et Kerstin, s’éprennent l’un de l’autre lors de vacances d’été à la campagne. Leur amour se heurte à une partie du village aux mœurs puritaines, notamment à un pasteur rigoriste, celui-là même qui interdit à la jeunesse du village la répétition d’une pièce.
Critique : Ours d’or du meilleur film au deuxième Festival International de Berlin, cette œuvre sensible et (pour l’époque) sulfureuse contribua à faire découvrir le cinéma suédois dans les années d’après-guerre. Ce fut le plus gros succès d’Arne Mattson (1919-1995), un petit maître de l’écran scandinave qui travailla un peu dans l’ombre de Bergman. Le film doit sa réputation à une séquence érotique au cours de laquelle les deux jeunes gens se baignent dénudés dans une rivière avant de s’étreindre près de roseaux, une audace qui dans l’histoire du 7e art n’avait eu d’égale que la poitrine dénudée d’Hedy Lamarr dans Extase (1933), bien avant que Bardot ne se déshabille chez Vadim ou Godard... Mais Elle n’a dansé qu’un seul été vaut mieux que cette réputation anecdotique. Le film peut être rattaché à tout un courant de la « qualité européenne » qui de Cacoyannis à Autant-Lara a dénoncé les hypocrisies d’une société rigoriste, laminant se jeunesse et étouffant tout désir créatif et sentimental au nom d’un respect des valeurs spirituelles et de la foi.
La charge anticléricale est féroce et le personnage du pasteur invoquant les foudres divines face à de jeunes adultes montant un spectacle théâtral ou s’aimant d’une flamme sincère est un digne héritier de Tartuffe. Au détour d’une séquence (l’incendie de la grange par un demeuré du village), le cinéaste s’offre une vision vertigineuse qui évoque la charge buñuelienne de Viridiana. La qualité technique du film est irréprochable, avec une mention spéciale pour la somptueuse photo noir et blanc de Göran Strindberg. Cette romance vaut en fait aussi bien pour son étude de mœurs sociologique, décrivant les archaïsmes ruraux et urbains, que pour ses qualités esthétiques. Le seul élément à avoir vieilli est la musique qui pourtant avait été récompensée au Festival de Cannes 1952. Les trois interprètes principaux sont en outre étonnants : auprès d’Edvin Adolphson, excellent en oncle compréhensif et humaniste, les deux jeunes comédiens crèvent l’écran : Folke Sundquist a la fougue d’un Gérard Philipe et Ulla Jacobsson, d’une beauté sidérante, est l’un des plus éclatants météores du cinéma.
– Festival de Berlin 1952 : Ours d’or
– Festival de Cannes 1952 : Meilleure musique
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