De la douceur de vivre
Le 16 octobre 2016
Retour fracassant de Paul Verhoeven, qui propose ici l’un de ses films les plus aboutis. Une claque honteusement ignorée au dernier Festival de Cannes, qu’il convient d’apprécier sous toutes les coutures en DVD avec en supplément une masterclass d’anthologie.
- Réalisateur : Paul Verhoeven
- Acteurs : Isabelle Huppert, Virginie Efira, Laurent Lafitte
- Genre : Thriller
- Nationalité : Français, Allemand
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Durée : 2h10mn
- Date télé : 2 juin 2019 21:10
- Chaîne : France 2
- Titre original : Elle
- Date de sortie : 25 mai 2016
- Festival : Festival de Cannes 2016
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– Sortie DVD : le 4 octobre 2016
Résumé : Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d’une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d’une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s’installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.
- Copyright : SBS Distribution
Le film : Paul Verhoeven n’est pas là pour nous choyer. C’est un fait. Et ce n’est pas Elle qui viendra l’infirmer. Plus que jamais, le cinéaste hollandais se fiche éperdument de proposer une oeuvre de laquelle on ressortirait avec une vision bienveillante et positive de la vie. Son cinéma est une expérience du trouble, du malaise, de la remise en question perpétuelle de ce qui est donné pour dit et surtout acquis. Dans Elle, il appréhende un monde social synonyme d’apparat, d’ordonnance et de convenances fallacieuses, pour mieux le fissurer de l’intérieur et en extirper toute l’ignominie humaine. De ce chaos à la fois spirituel (la veulerie, la tromperie, l’arrivisme) et biologique (la violence, la perversité sexuelle, le meurtre), Verhoeven, non sans cynisme, fera émerger une figure de femme indomptable qui portera dès lors en elle le salut d’une humanité en bien piteuse condition. Avec pour résultat un film aussi discrètement émouvant que Showgirls ou Black Book, dans sa façon de faire briller une figure féminine forte dans son parcours salvateur, ici magnifiquement campée par Isabelle Huppert. Très grand film.
Suppléments :
Bien qu’il s’agisse du seul et unique bonus, la masterclass de Verhoeven donnée à Cannes est le gros point fort de cette édition DVD. D’une durée de quarante-cinq minutes, l’on y revient sur son parcours cinématographique hors-norme et sur les circonstances qui l’ont amené à délaisser sa Hollande natale pour Hollywood. C’est surtout son statut d’indécrottable contrebandier subversif qui est ici abondamment questionné et commenté : il faut savoir que Verhoeven, quel que soit le pays dans lequel il a travaillé, a toujours éprouvé d’énormes difficultés à monter et montrer ses films, souvent accueillis avec acidité pour leur pied-de-nez permanent à la morale bien-pensante locale. L’homme lui même se dévoile derrière le cinéaste au travers de son récit, avec un humour caustique tout bonnement ravageur, en phase miraculeuse avec le ton (explicite ou plus sous jacent) de ses plus grands films. Il apparaît avec éclat que personne d’autre n’aurait pu se trouver aux rênes de ces oeuvres. Seule réserve : on aurait souhaité davantage de questions, de la part des intervenants, sur le processus créatif même de ce prodige du cinéma. Passionnant.
- Copyright : SBS Distribution
Image :
Le soin apporté à la reproduction fidèle de la photographie est phénoménal, surtout pour ce qui est des intérieurs. En témoignent cette texture ouatée, un peu vaporeuse, observée en salles, ainsi que ces teintes bruns chocolat (qui virent parfois, expressément, à l’orangé) très chaudes. C’est ici aussi que le génie du cinéaste se manifeste, dans sa manière de représenter un microcosme social apparemment lisse et chaleureux, un voile apposé sur sa médiocrité intrinsèque. On n’est pas loin d’une qualité Blu-Ray.
Son :
Un grand numéro d’équilibriste. Les sonorités musicales sont brillamment accentuées lors des scènes d’angoisse, dans lesquelles Anne Dudley recourt à l’instrumentation à cordes, non sans rappeler le thème de Basic Instinct et, par extension, certains Hitchcock majeurs (Sueurs Froides ou La Mort aux Trousses). Pour le reste, les dialogues sont parfaitement audibles tout du long, même lorsqu’ils s’inscrivent dans un univers sonore riche et foisonnant qui ne se surimpose jamais (le dîner de Noël, la séquence de la boîte de nuit).
- Copyright : SBS Distribution
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