L’âge CANNONique
Le 15 janvier 2015
Qu’il est bon de se remémorer la douce époque des années 80 où la machine à nanars Cannon tournait alors à plein régime. Le documentaire signé Mark Hartley nous en dit long sur l’aventure hollywoodienne de la firme des nababs Golan/Globus, de ses prémices jusqu’à l’inéluctable chute.
- Réalisateur : Mark Hartley
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Israélien, Américain, Britannique, Australien
- Durée : 1h47mn
- Titre original : Electric Boogaloo: The Wild, Untold Story of Cannon Films
- Voir le dossier : Cannon Films
- Festival : Gérardmer 2015
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– Date de sortie en DVD : 15 janvier 2015
Qu’il est bon de se remémorer la douce époque des années 80 où la machine à nanars Cannon tournait alors à plein régime. Le documentaire signé Mark Hartley nous en dit long sur l’aventure hollywoodienne de la firme des nababs Golan/Globus, de ses prémices jusqu’à l’inéluctable chute.
L’argument : Mélangeant interviews, nombreux extraits de films et archives, Electric Boogaloo retrace l’histoire de la compagnie de production Cannon dans les années 80, à travers ses nombreuses productions : les plus grands nanars du cinéma, qui ont pris de force la machine Hollywoodienne. Mark Hartley dresse un portrait sans compromis et savoureux de la Cannon en donnant la parole à près d’une centaine d’intervenants parmi lesquels Dolph Lundgren, Sybil Danning, Charles Bronson, Chuck Norris, Sharon Stone, Tobe Hooper, Franco Nero, Barbet Schroeder ou Luigi Cozzi qui se rappellent avec humour et sincérité de leurs participations à la mythique firme. Grandeur et décadence de la Cannon et de ses têtes dirigeantes, Golan et Globus, l’aventure unique d’une entreprise ayant changé à jamais l’histoire du cinéma bis.
© Dark Star Presse
Notre avis : La firme Cannon, un nom et un logo qui parle forcement aux trentenaires et quadragénaires de l’ère VHS. Par son biais ils ont pu découvrir des dizaines et des dizaines de séries B de qualité nanardesque durant l’âge d’or qui fut celui de la société de production, les années 80. Le documentaire de Mark Hartley n’a pourtant pas été mis en chantier pour faire concurrence aux Go-Go Boys de Hilla Medalia sorti il y a quelques mois et monté avec la bénédiction du duo Golan/Globus en personne. Le plus drôle, c’est qu’initialement, l’idée vient du cinéaste australien. En cherchant à recueillir les témoignages des deux anciens propriétaires de la Cannon, ni une ni deux ceux-ci ont finalement décidé de couper court et de lancer leur propre docu (The Go-go Boys donc). Mark Hartley y fait d’ailleurs référence avec ironie pour le mot de la fin de son documentaire que le spectateur ne manquera pas d’accueillir d’un petit sourire au coin des lèvres. Car cet opportunisme si prononcé résume tout à fait l’histoire de leur firme.
© Dark Star Presse
Nos deux drôles d’oiseaux sont partis à l’assaut de la sphère hollywoodienne avec une seule idée en tête, celle de créer leur trou afin de rivaliser rapidement avec les majors. Une folie des grandeurs qu’Electric Boogaloo se prend à résumer avec délice à l’aide d’interventions de nombreuses personnalités qui ont connu une expérience chez Cannon Films (acteurs, réalisateurs, producteurs et autres collaborateurs d’horizons divers). Avec ses nombreuses anecdotes amusantes et parfois même bien pimentées, illustrées dès que possible par des images de films très évocatrices, les nostalgiques sont visés en plein cœur. C’est un véritable florilège de l’empire Cannon que nous redécouvrons à travers l’action ringarde (les films de Chuck Norris, ceux d’un Charles Bronson à bout de souffle, les Dudikoff et même Franco Nero, notre éternel Django, pour un rôle de ninja torse-poil tout à fait improbable), l’essai en direction du film d’auteur (King Lear de Godard, Othello de Zeffirelli, Love Streams de Cassavetes), le pur nanar à acteurs bankable (Superman IV, Over the Top, Les Maîtres de l’Univers), les frasques de Tobe Hooper (L’invasion vient de Mars, Lifeforce, Massacre à la tronçonneuse 2), le film d’aventure au rabais (les Allan Quatermain, Sahara) et enfin cerise sur le gâteau des perles en matière de films musicaux kitschs/putassiers (Lambada, Breakin’ 2 : Electric Boogaloo, The Apple).
© Dark Star Presse
Hartley a en effet jugé bon de mettre en avant des extraits de toute une flopée de films bien fauchés dans son documentaire pour mieux capter l’esprit déluré de ces productions, en résulte un gage de plaisir coupable ultime pour nous spectateurs. Malgré des échecs à la pelle qui précipiteront sa chute, n’oublions pas que c’est à la Cannon que l’on doit tout de même l’excellent Runaway Train de Konchalovski ou bien encore la découverte du très aware Jean-Claude Van Damme. Golan n’hésita pas à placer l’acteur belge en tête d’affiche (Bloodsport, Cyborg), impressionnés par ses prouesses physiques. Nez fin ou coup de bol ? On vous laisse le deviner.
À la sortie de ce défilé d’images bigrement eighties, on se dit qu’il manquait juste les témoignages de JCVD, Stallone, ceux de Golan et Globus portant un regard sur l’héritage laissé par leur firme, une aparté sur l’échec retentissant de Over the Top et un petit mot sur Cobra (la production Cannon/Warner est l’étonnant absent du vaste contenu) pour se montrer totalement exhaustif.
Se détournant de l’académisme pour se consacrer à une touche de fun suggestive, Electric Boogaloo est donc bien plus qu’un simple bonus subsidiaire aux Go-Go Boys. Pour faire court, il s’agirait tout simplement de son penchant décontracté. Jubilatoire et indispensable pour tous ceux qui ont un jour versé leur petite larme lors de la victoire triomphante de Lincoln Hawk aux championnats du monde de bras de fer ou qui se sont sentis gênés pour Dolph Lundgren dans son costume de Musclor.
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