Worst pictures
Le 16 novembre 2013
Biopic du "plus mauvais réalisateur du monde", ce récit enlevé permet à Tim Burton de diriger à nouveau Johnny Depp, son acteur de prédilection.
- Réalisateur : Tim Burton
- Acteurs : Johnny Depp, Bill Murray, Patricia Arquette, Sarah Jessica Parker, Martin Landau, Vincent D’Onofrio, Melora Walters, Jeffrey Jones, G.D. Spradlin, Mike Starr, Max Casella, Lisa Marie, Mickey Cottrell
- Genre : Comédie dramatique, Biopic, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Buena Vista International France
- Editeur vidéo : Touchstone
- Durée : 2h06mn
- Date télé : 2 juin 2024 22:55
- Chaîne : TCM Cinéma
- Date de sortie : 21 juin 1995
- Festival : Festival de Cannes 1995
Résumé : En 1952, Ed Wood cherche à percer dans l’industrie du cinéma. Il rencontre le producteur Georgie Weiss alors que celui-ci cherche à faire un film basé sur l’histoire de Christine Jorgensen (la première personne à s’être fait opérer pour changer de sexe) et lui propose d’écrire le scénario. Peu après, Wood rencontre l’acteur Béla Lugosi et les deux hommes deviennent rapidement amis. Wood persuade Weiss de le laisser réaliser le film car lui-même aime s’habiller en femme et en mettant en avant la participation de Lugosi au projet. Wood réalise son rêve en étant à la fois acteur, scénariste, réalisateur et producteur de {Glen or Glenda ?} mais le film est un grave échec à la fois commercial et critique...
Critique : A priori, l’intérêt de Tim Burton pour l’œuvre de Edward D. Wood Jr. (1924-1978) pouvait paraître insolite. C’est un peu comme si, en France, Alain Resnais réalisait un film sur Max Pécas, l’inoubliable auteur de On se calme et on boit frais à Saint-Tropez. À priori seulement, car Burton s’intéresse moins à la production d’un cinéaste raté, auteur de nanars de série Z d’une nullité insondable, qu’au parcours d’un homme sincère qui a échoué à mettre en place un véritable univers dans un Hollywood balisé et normatif. Bien que mauvais cinéaste, Ed Wood était l’un des rares réalisateurs américains, avec Welles et Chaplin, à être à la fois auteur, réalisateur et interprète de ses films, au moins si l’on s’en tient à son premier bide, Glen or Glenda, incroyable récit d’un cas de transsexualité. Ce qui rapproche Ed Wood de Tim Burton est bien sûr la passion pour la féerie artisanale et le fantastique, tant au niveau des trucages que des jeux d’acteurs. À titre d’illustration, les déambulations de Vampira dans Plan 9 from outer space sont certes une caricature de la magie de Carrol Borland dans La marque du vampire (Tod Browning, 1935), mais elles anticipent l’étrangeté de Lisa Marie dans Mars attacks, histoire de soucoupes volantes dont la dérision sera un autre hommage au réalisateur de La fiancée du monstre. Par ailleurs, la fidélité de Burton à Christopher Lee, vétéran du fantastique anglais, sera un peu dans la continuité des liens entre Wood et Lugosi.
ll va cependant sans dire que Ed Wood, le film, s’inscrit surtout et pleinement dans l’univers de Tim Burton, la folie, l’angoisse et la mégalomanie de son (anti)héros faisant écho aux diverses figures illuminées incarnées par Johnny Depp, de Edward aux mains d’argent à Sweeney Todd. Sans le dénouement qui nous révèle ce que sont devenus les véritables protagonistes, et des images d’archives donnant à revoir le vrai Béla Lugosi dans Dracula, on se croirait dans un conte irréel et fantasmé, avec ses hôpitaux psychiatriques pour toxicomanes ou ses villas à ambiance gothique gardés par des chiens ayant l’air aussi désaxés que leurs maîtres. Burton s’autorise aussi de savoureux épisodes burlesques qui tranchent avec la veine académique du biopic : on songe ici à la fuite lors d’une avant-première foireuse ou à l’improbable (et pourtant véridique) baptême de l’équipe par des membres d’une Église. Du désespoir incarné par Lugosi (Martin Landau) au pittoresque de Bunny Breckinridge (Bill Murray), Burton joue avec brio toute la gamme des émotions et propose, lui, un film soigné et maîtrisé, magnifié par la belle photo noir et blanc de Stefan Czapsky et la musique de Howard Shore. Plus que de donner envie de découvrir la filmographie de Edward D. Wood Jr. (les courageux qui s’y risqueront auront la confirmation d’un naufrage artistique), Ed Wood est un jalon de marque chez un artiste qui n’a (presque pas) cessé de nous émerveiller depuis Beetlejuice.
– Oscars 1995 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Martin Landau - Meilleur maquillage
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birulune 27 juin 2017
Ed Wood - la critique du film de Tim Burton
C’est l’apôtre de Nanarland ce bon Ed Wood, ils le qualifient même de " mètre-étalon du nanar" et tout comme Burton c’est sa sincérité qui touche les gens, le fait d’y croire et de ne pas se laisser abattre par les obstacles. Comme tInside Lewis Davis avant l’heure on s’intéresse à ceux qui se sont plantés mais leur foi en est que plus belle.
Revirement dans la carrière de Burton, avant de faire des bouses ou de s’auto-plagier a l’infini, ce film exorcise la peur viscérale de tout bon réalisateur, celle de l’échec.
Plan Nine From Outer Space est hallucinant de naïveté mais le tout tient la route. Avec un budget multiplié au centuple Burton a fait des films ternes qui recyclent toujours les mêmes idées et ses exploits de jeunesse.
Un film prophétique.
Burton est le anti-Ed Wood par excellence !