Le 24 juillet 2024
Si le sujet de la rencontre de deux mères, l’une naturelle, l’autre adoptive, autour d’un fils, demeure un magnifique sujet de cinéma, le traitement assez froid, à la limite de l’expérimentation, ne facilite pas l’adhésion complète au récit.
- Réalisateur : Víctor Iriarte
- Acteurs : Lola Dueñas , Ana Torrent, Manuel Egozkue
- Genre : Drame
- Nationalité : Espagnol, Français, Portugais
- Distributeur : Shellac
- Durée : 1h49mn
- Titre original : Sobre todo de noche
- Date de sortie : 17 juillet 2024
- Festival : Festival de Venise 2023
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Résumé : Il y a vingt ans, on a séparé Vera de son fils à la naissance. Depuis, elle le recherche sans relâche, mais son dossier a mystérieusement disparu des archives espagnoles. Il y a vingt ans, Cora adoptait un fils, Egoz. Aujourd’hui, le destin les réunit tous les trois. Ensemble, ils vont rattraper le temps perdu et prendre leur revanche sur ceux qui leur ont volé.
Critique : Le film démarre sur une affaire sombre avec un médecin franquiste qui avait organisé un véritable trafic de nourrissons, et revendait des bébés à des familles en mal d’enfants, prétextant le faux décès de la mère. Le procès est d’autant plus sombre que l’accusé ressort blanchi, du fait de problématiques de forme. Vera fait partie de ces femmes qui ont subi une séparation forcée avec leur bébé. Les dossiers de l’hôpital ont été brûlés et elle reste avec le cœur meurtri d’un enlèvement que la justice espagnole ne pourra pas condamner des années plus tard.
Dos Madres met donc en face à face une mère adoptive, de bonne foi, Cora, et cette femme esseulée, blessée à tout jamais et qui finit par retrouver les traces de son fils, Egoz. La mise en scène refuse d’emblée toute approche romanesque de ces rencontres ; elle adopte un ton au contraire très froid, distancié, au détriment d’une narration qui pourrait faillir aux sirènes du mélodrame. À ce choix s’ajoute un jeu sur les sons, l’image, les lumières qui flirtent avec le cinéma expérimental. Du coup, ces deux mères se vident de toute sentimentalité. Elles se drapent dans une mécanique austère qui tranche avec un sujet hautement sensible. Pourtant, Víctor Iriarte insère des séquences musicales qui, notamment, redonnent soudain à l’ensemble un souffle d’émotion. Mais les choses s’estompent aussi vite, cédant à la technicité et le formalisme cinématographique.
- Copyright La Termita Films
Dos Madres donne à voir une maîtrise réelle de l’art cinématographique. Pour cause, Víctor Iriarte compte parmi le comité de sélection du Festival de San Sebastian. Il dirige les affaires audiovisuelles d’un prestigieux centre culturel, lui conférant une connaissance parfaite du cinéma et des arts en général. Son film justement respire la technique cinématographique et les références culturelles. Du coup, cette affirmation intellectuelle efface la profondeur du récit à l’exception de quelques belles scènes où les personnages expriment la beauté des sentiments qui se sont révélés les uns avec les autres. Le reste demeure assez télégraphique, à la limite parfois de l’ennui, à l’instar d’ailleurs du métier de sténodactylographie qu’exerce l’héroïne principale.
On sera donc resté à côté de cette œuvre baroque, très riche, mais dont le scénario ne convainc pas vraiment. Même les actrices semblent arrêtées dans un jeu qui pourrait être beaucoup plus dense. Le spectateur finit par se perdre dans un labyrinthe de mots et d’images qui s’enlisent dans le récit policier et politique. Dos Madres demeure hélas une première œuvre de cinéma assez pénible, en dépit du talent incontestable de son réalisateur à fabriquer des images.
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