Une méconnue à Beaubourg
Le 11 septembre 2019
L’exposition présentée au Centre Pompidou, du 5 juin au 27 juillet 2019 dernier, a enfin permis de découvrir la grande artiste à Paris.

- Acteur : Dora Maar
- Salle d'exposition / Musée : Centre Pompidou

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Souvent d’abord considérée comme la muse du grand Picasso, dont elle célébra l’oeuvre "Guernica" à travers une série de photographies, cette artiste, née en 1907 et décédée en 1997, avait en réalité nombre de cordes à son arc. Peintre, photographe, plasticienne, Dora Markovitch était considérée, respectée, comme une artiste accomplie.
Notre avis : Cette exposition, présentée très peu de temps à Beaubourg, se voulait une évocation complète de l’oeuvre et de la vie de Dora Maar. Après une courte présentation de sa formation parisienne en photographie et aux Beaux-Arts, puis de l’ouverture de son atelier rue d’Astorg, plusieurs photos de Dora Maar sont exposées.
- Rogi André / Dora Maar © DR Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Georges Meguerditchian / Dist. RMN-GP
Tantôt personnels, tantôt pris pour des campagnes publicitaires, ces clichés se veulent un hymne à la beauté et à la perfection des visages et des corps. Loin d’être superficiels. Dora Maar a su capturer des moments simples et des hommes, des femmes dans leur plus bel appareil. Si les premières salles profilent le choix d’un certain classicisme, l’originalité et le cachet s’imposent assez vite. Le style de Dora Maar s’est en effet affirmé d’année en année, au fur et à mesure que son atelier parisien devenait un lieu de passage des artistes de la capitale. Dora délaisse quelque peu le portrait, et voyage. Au cours de ses escapades, mais même tout simplement de ses balades parisiennes, Maar sait attraper une lumière, un angle, un visage.
Elle sait également s’entourer. Elle crée, par un manifeste, Gradiva, un groupe d’artistes féminines. Elle photographie ses amis peintres, poètes, notamment Eluard et sa chère Nusch, dont les clichés de couples figurent parmi les plus beaux de l’exposition. Enfin, sa relation avec Pablo Picasso, au-delà de la vague créative qu’elle déclenche chez elle et lui, la rapproche des cercles artistiques les plus influents. Mais ceci ne dure qu’un temps. Sa séparation d’avec le grand artiste lui fait prendre le crayon, puis le pinceau.
- Dora Maar / Le Simulateur - © Adagp, Paris 2019 Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI / P. Migeat / Dist. RMN-GP
Les dessins et les peintures de Dora Maar sont à l’image de ses photographies : simples, épurés, évocateurs. Ses toiles de paysage font particulièrement effet, rappelant celles des plus grands impressionnistes.
Jusqu’à la fin de sa carrière, elle construit, bricole, innove. Ses œuvres les plus connues restent le Portrait d’Ubu et ses montages ou collages photographiques, mais le Centre Pompidou a eu le mérite de rendre hommage à l’intégralité de l’œuvre.
- Dora Maar / Paysage du Lubéron . © Adagp, Paris 2019 Photo © Brice Toul
Cette exposition présentait un intérêt particulier : celui de questionner. Ce qui fascine avec Dora Maar, c’est qu’on ne peut tout aimer. Son œuvre divise. Mais incontestablement, quel talent, quelle diversité !
Catalogue de l’exposition, Éditions du Centre Pompidou, 208 pages, 39€.