Fudafudak - La chronique BD

Fudafudak est le nom que le peuple autochtone des Amis donne à une magnifique plage au Sud de Taïwan. Cet endroit paradisiaque symbolise les combats menés par les peuples autochtones de Taïwan, puisque le gouvernement de Taipei a autorisé la construction d’un grand hôtel face à la plage, en dépit des oppositions locales et des risques pour l’environnement. Grâce à une amie qui vit en harmonie avec les Amis, Li-Chin Lin part à la rencontre de ce peuple et partage leur quotidien. La bande dessinée est le fruit de cette rencontre.

L’auteure met en scène ses excursions, ici à Taïtung - ©ça et là

Li-Chin Lin témoigne avec une grande humanité des coutumes, des craintes et des espoirs des peuples autochtones, sensibilisant du même coup le lecteur à l’épineuse question de leurs droits. L’auteure rappelle judicieusement que, sur le même modèle que l’Australie ou le continent américain, Taïwan a d’abord abrité différents peuples autochtones avant la colonisation de l’île par les Hans. Li-Chin Lin revient également sur d’autres luttes marquantes pour les autochtones, comme le combat des Taos contre l’enfouissement des déchets nucléaire sur l’île des Orchidées. Le message passe d’autant mieux qu’il n’y a aucun pathos, bien au contraire : l’auteure met en scène - souvent avec humour - des personnalités joyeuses, dures à la tâche et pleines d’humanité.
Le dessin crayonné de Li-Chin Lin est tout à fait adapté au genre de la bande dessinée de reportage. Il donne l’impression d’une saisie « sur le vif » des situations et personnages. Le dessin est également plus travaillé que dans Formose, avec une véritable attention pour les décors et certains détails qui enrichissent le récit.

La rencontre de Hsiao-Ching avec un sanglier - ©ça et là

Fudafudak est une bande dessinée pleine d’humanité, qui rend compte de la vie et des combats des peuples autochtones de Taïwan à travers un reportage tout en finesse où l’auteure, bien qu’elle se représente, parvient à se mettre en retrait pour mieux mettre en avant les personnes rencontrées et les histoires qui lui ont été rapportées.

Vous pourrez retrouver Li-Chin Lin à Paris le 16 juin à la librairie Atout Livre et le 17 juin lors d’une rencontre à la bibliothèque Louise Michel (29/35 rue des Haies 75020), suivie d’une séance de dédicaces en partenariat avec la librairie BDnet Nation.