L’âme humaine sur un plateau
Le 27 juin 2008
Lars von Trier signe un film envoûtant sur les noirceurs de l’âme humaine, qui ne saurait être réduit à du théâtre filmé. Nicole Kidman est magistrale.
- Réalisateur : Lars von Trier
- Acteurs : Nicole Kidman, Lauren Bacall, Jean-Marc Barr, Jeremy Davies, Patricia Clarkson, Paul Bettany, Chloë Sevigny, Stellan Skarsgård, Ben Gazzara, James Caan, Udo Kier, Harriet Andersson, Philip Baker Hall, Siobhan Fallon Hogan
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Danois
- Distributeur : Les Films du Losange
- Editeur vidéo : H2F
- Durée : 2h57mn
- Reprise: 12 juillet 2023
- Date de sortie : 21 mai 2003
- Festival : Festival de Cannes 2003
– Reprise en version restaurée : 12 juillet 2023
Résumé : Dans les années 30, des coups de feu retentissent un soir dans Dogville, une petite ville des Rocheuses. Grace, une belle femme terrifiée, monte en courant un chemin de montagne où elle fait la rencontre de Tom, un jeune habitant de la bourgade. Elle lui explique qu’elle est traquée par des gangsters et que sa vie est en danger. Encouragée par Tom, la population locale consent à la cacher, en échange de quoi Grace accepte de travailler pour elle. Lorsqu’un avis de recherche est lancé contre la jeune femme, les habitants de Dogville s’estiment en droit d’exiger une compensation, vu le risque qu’ils courent à l’abriter. Mais la pauvre Grace garde en elle un secret fatal qui leur fera regretter leur geste...
Critique : Trois ans après Dancer in the Dark, tire-larmes surestimé valant surtout pour l’interprétation et la musique de Björk, et qui obtint la Palme d’or, Lars von Trier revient à Cannes avec l’une des œuvres les plus fortes de ces dernières années. Il en est rentré bredouille. Ironie des palmarès... Certains lui ont tout de même reproché une théâtralité, arguant du fait qu’une petite ville est représentée par des marques à la craie sur un plateau noir et dépouillé et que trois heures de dialogues sont débitées par une troupe de comédiens triés sur le volet (Kidman, Bacall, Caan, Gazzara, Skarsgård...). Quand on sait que l’auteur se réfère explicitement à l’œuvre de Brecht (L’Opéra de quat’sous, Mère Courage et ses enfants)) et que le film est divisé en neuf chapitres avec prologue, on ne s’étonnera pas que le gros mot « théâtre filmé » ait été lâché.
- © Les Films du Losange
Pourtant, le filmage de dialogues et la mise en scène d’un dispositif théâtral peuvent donner du très grand cinéma quand ils sont assumés (Pagnol, Guitry, Welles, Mankiewicz, Kazan, Olivier, Resnais, pour ne citer que les meilleurs). L’artifice est de toute façon vite oublié en raison du jeu très retenu des acteurs (en particulier Nicole Kidman, actrice caméléon qui ne cesse de nous surprendre), du style « caméra à l’épaule » et de la force du scénario. L’instant où Grace, l’héroïne en fuite, se cache dans une charrette (unique moment de l’histoire où l’on s’éloigne de la ville) nous vaut un plan-séquence d’une rare intensité dramatique compte tenu de ce que nous voyons sur l’écran. Dogville montre en fait une vision très noire de l’humanité.
- © Les Films du Losange
Nous y suivons le calvaire d’une jeune femme réfugiée dans un village des Montagnes Rocheuses et contrainte de devenir l’esclave de ses habitants : une parabole du fascisme et de l’intolérance, même si l’action se déroule dans les années 1920, au cœur d’une nation démocratique. Il faut y voir le signe de la méfiance qu’éprouve le réalisateur vis-à-vis d’une certaine idéologie des États-Unis même s’il semble fasciné par ses codes culturels et artistiques (le film noir et le pouvoir de la femme fatale, l’univers laborieux des paysans dépeints dans Les Raisins de la colère). Créateur ambitieux, Lars von trier confirme avec Dogville deux qualités que seuls les plus grands possèdent : le talent et l’audace.
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fouinette 7 novembre 2005
Dogville - Lars von Trier - critique
Très bizarre ce film que je viens de voir sur arte. Il oscille entre la pièce de théâtre et l’eexercice de style. j’avoue que la performance est belle et que l’idée a le mérite d’être originale mais j’ai eu du mal à accrocher. Beaucoup de mal.
Je me demande si je ne suis pas passée à côté du film tant les critiques en font l’éloge. Dommage peut-être mais moi je me suis ennuyée ferme...