Le visage dans le miroir
Le 26 décembre 2013
Courses-poursuites vertigineuses sur les toits et fascinants jeux de regard font de cet affrontement féminin dans l’univers du cirque un des films les plus fascinants et jubilatoires du grand Franz Hofer.
- Réalisateur : Franz Hofer
- Acteurs : Miriam Horwitz, Ludwig Trautmann, Emmerich Hanus, Margarete Hübler, Hermann Seldeneck
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Film muet
- Nationalité : Allemand
- Durée : 35mn
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– Visa de censure en Allemagne : avril 1913
– Production : Luna-Film (Berlin)
– Producteur : Max Maschke
Courses-poursuites vertigineuses sur les toits et fascinants jeux de regard font de cet affrontement féminin dans l’univers du cirque un des films les plus fascinants et jubilatoires du grand Franz Hofer.
L’argument : La danseuse orientale Zadija, surnommée la vipère noire, et l’écuyère Blanche d’Estrée, s’affrontent dans un cirque et se disputent les faveurs du même homme, l’ingénieur Ivan Karoff. Les manigances de Zadija seront déjouées par le jeune détective D’Olton.
Notre avis : Situé, comme Die schwarze Kugel dans le monde haut en couleurs du spectacle (ici celui du cirque), cette histoire, assez sommaire sur le papier, de rivalité entre deux jeunes femmes déterminées qui n’ont pas froid aux yeux bénéficie d’abord de l’extraordinaire vivacité d’interprètes séduisantes (Margarete Hubler dans le rôle de Blanche d’Estrée ; Mirjam Horowitz dans celui de Zadija) dont le jeu très physique ne s’embarrasse pas de psychologie mais dégage une énergie qui crève l’écran.
- Die schwarze Natter (Hofer 1913)
L’affrontement entre la vénéneuse danseuse orientale et l’écuyère-acrobate intrépide se déploie dans un univers incroyablement dense et habité, où le moindre passant-figurant existe à part entière, ne serait-ce que par le regard observateur, volontiers insistant qu’il porte sur ce qui se passe et où les personnages masculins (le bel Ivan Karoff, objet passif qu’elles se disputent ; l’acolyte aux déguisements ; le jeune officier venu arrêter la fausse coupable et qui prendra sa défense) ne s’effacent pas totalement derrière les deux protagonistes.
Car la mise en scène extraordinairement vive et inventive de Franz Hofer sait donner un relief et une profondeur étonnante au moindre détail (l’empreinte noire d’une main sur un mur blanc ; la manière dont l’héroïne, sous la coupole, fait bouger le trampoline avant de sauter vers la fenêtre ou encore le geste avec lequel elle brise la vitre). La caméra accompagne d’étourdissantes courses-poursuites sur les toits mais se déplace aussi discrètement avec les personnages dans les scènes d’intérieur.
- Die schwarze Natter (Hofer 1913)
Un montage serré, étonnamment articulé pour un film de cette période, recourt souvent aux inserts pour organiser le jeu du regard et de ce qui est vu (par exemple par un trou percé dans le mur). Le point culminant du dispositif étant atteint lorsque l’intrigante dans sa chambre, essayant une coiffe face au miroir, voit apparaître à côté du sien le visage de la rivale qu’elle croyait morte.
Doué d’un authentique sens du spectacle, Hofer ne cesse d’organiser ce genre de plans saisissants qui dépassent l’effet de surprise, la recherche du sensationnel, pour installer le mystère d’un monde où tout peut arriver.
Cet immense cinéaste qu’on commence timidement à redécouvrir a su garder ici la force brute du cinéma des attractions tout en l’articulant à un dispositif complexe, raffiné et toujours en mouvement. Le résultat est stupéfiant.
- Die schwarze Natter (Hofer 1913)
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