Désaccord parfait - la critique

Une comédie superficielle et sans âme, à peine sauvée par l’immense Jean Rochefort. Antoine de Caunes gâche un beau sujet et nous déçoit à nouveau. Dommage.

L’argument : Les retrouvailles amères entre Alice d’Abanville, célébrissime actrice du théâtre londonien, et Louis Ruinard, réalisateur français, qui connut son heure de gloire dans les années 70, avec cinq films cultes dont Alice fut l’inoubliable héroïne.
Alice, Louis... Deux personnalités hors du commun. LE couple choc et glamour des années 70. Le créateur et son égérie.
Sauf que le fameux couple mythique ne s’est pas revu depuis trente ans. Pire, même : ils ont tout fait pour ne pas se revoir, après une séparation aussi brutale qu’incompréhensible.

Notre avis : Il est toujours très embarrassant de dire du mal des gens dont on ne voudrait dire que du bien. Mais il faut reconnaître qu’Antoine de Caunes ne nous laisse pas trop le choix avec la sortie de ce Désaccord parfait, troisième essai non transformé pour l’ancien enfant du rock. Si de Caunes nous a en partie convaincu de ses talents d’acteur depuis sa retraite télévisuelle, il n’a en revanche jamais réussi à nous prouver qu’il était un vrai cinéaste.
Son film est un véritable gâchis, l’archétype de la bonne idée mal exploitée. Sur le papier, cette comédie promettait beaucoup (idylle tardive entre Rochefort et Rampling au pays de Sa Majesté) mais en réalité elle se révèle terne et poussive. Quelque chose ne fonctionne pas. Les personnages ne sont pas assez fouillés et méritaient plus d’attention. Un piètre montage numérique entre deux vieilles photos ne suffit pas à nous faire croire au passé commun des protagonistes. De plus, les seconds rôles sont horripilants, notamment le fils anglais et Isabelle Nanty, très mauvaise en faire-valoir inutile. Tout ce beau monde s’agite tant bien que mal au gré d’une mise en scène d’une grande pauvreté. Rochefort fait ce qu’il peut pour sauver l’affaire en jouant les funambules, à la limite du ridicule. L’art d’en faire des tonnes en restant presque toujours digne. Classe.
Un gâchis donc. D’autant plus que le rythme s’emballe enfin dans le dernier quart d’heure lors du "dîner de cons" et de la belle scène d’amour qui prouve que le mot "gériatrique" ne possède pas ses deux dernières syllabes pour rien. Trop tard cependant. Et ce n’est pas la petite réflexion convenue sur les méfaits du temps qui va changer grand-chose, même si elle donne lieu à une scène réussie et touchante dans un bar londonien. Par ailleurs, en associant cette réflexion nostalgique à son auteur, une fois les lumières allumées, on s’aperçoit malheureusement qu’au fil des ans, Antoine de Caunes a dilué le vitriol de Laurent Chalumeau (son co-auteur à Canal+) dans de la banale menthe à l’eau.
Foutu temps qui passe, en effet.