Maman va mourir
Le 30 juillet 2003
Pierrette Fleutiaux parle avec délicatesse de nos sentiments face à la vieillesse de nos parents.
- Auteur : Pierrette Fleutiaux
- Editeur : Actes Sud
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
L'a lu
Veut le lire
Souffrir de voir partir sa mère, vouloir la retenir et la soutenir, et tout à la fois refuser les règles du jeu de la culpabilité, exacerbée par la vieillesse. C’est de l’ambivalence de nos sentiments face à la vieillesse de nos parents dont nous parle, avec une délicate et angoissante finesse, Pierrette Fleutiaux.
Pierrette Fleutiaux décortique un à un chacun des détails qui éloignent un peu plus sa mère du monde des vivants : celle-ci, ni sénile, ni handicapée, mais simplement vieille, a vendu sa maison suite au décès de son mari et a vécu pendant sept ans dans une pension pour personnes âgées non dépendantes. Sa fille, aimante et en lutte contre une culpabilité inavouée et aussi injustifiée qu’universelle, tente de se rendre disponible, et l’accompagne dès qu’elle le peut, une fois chez le coiffeur, une autre fois dans un magasin de vêtements à la recherche d’une robe impossible à dénicher ; elle redécouvre en ces occasions combien sa mère est forte, séductrice, attentive aux bonnes manières, pudique et digne.
Reléguée à sa place d’enfant en public, Pierrette Fleutiaux doit néanmoins faire face aux accès d’angoisse possessifs d’une femme pour laquelle tout va désormais trop vite, qui comprend mal les goûts des jeunes, qui ne conçoit pas que sa fille de cinquante ans puisse avoir vieilli elle aussi et se sentir fatiguée, une femme qui réclame en larmoyant qu’on s’occupe d’elle, qu’on la considère comme ce qu’elle est, un être en sursis.
Des phrases courtes ma chérie, c’est l’apprentissage de la séparation, se regarder dans un miroir et accepter qu’un jour, on se regarde dans le vide. Ce sont aussi des mots, qui, sans la libérer, disent la douleur de l’auteur de n’avoir plus sa mère, et tout en même temps son soulagement, celui d’avoir survécu. Le récit chemine vers la mort (celle de sa mère), vers la conscience de la mort (la sienne propre), sans linéarité ni fatalisme, mais dans un souci d’apaisement véritablement bouleversant.
Pierrette Fleutiaux, Des phrases courtes, ma chérie, Actes Sud, coll. "Babel", 2003, 230 pages, 7 €
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.