Dessins (pas très) animés
Le 25 janvier 2006
Un programme iconoclaste davantage destiné aux passionnés d’animation qu’aux spectateurs occasionnels.
- Réalisateur : Paul Driessen
- Genre : Animation
- Nationalité : Canadien
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– Durée : 1h
Un programme iconoclaste davantage destiné aux passionnés d’animation qu’aux spectateurs occasionnels.
L’argument : Un programme de courts métrages d’animation de Paul Driessen : Une vieille boîte (1975), Air ! (1972), Le garçon qui a vu l’iceberg (2000), Au bout du fil (1974), La fin du monde en quatre saisons (1995) et 2D or not 2D (2003).
Notre avis : Des histoires pas comme les autres, anthologie de six films d’animation, a le mérite de rendre accessible au public français le travail méconnu de Paul Driessen. En activité depuis près de quarante ans (il a même participé au cultissime Yellow submarine), il fait partie de ces figures iconoclastes qui, à l’instar d’un Phil Mulloy ou d’un Bill Plympton, envisagent l’animation comme un processus solitaire (il dessine tout lui-même), hautement créatif, et faisant appel à un certain sens de la transgression (ici, il s’agit d’une transgression purement narrative).
L’anthologie s’ouvre avec Une vieille boîte, efficace parabole sur l’aliénation en milieu urbain, où un personnage, tout droit sorti d’un tableau de Bacon, se confronte à sa solitude pendant que la célébration de Noël bat son plein. Si les traits sont très rudimentaires, parfois approximatifs, c’est totalement assumé et dans la parfaite continuité d’une filmographie qui se plaît à triturer le médium et à s’interroger sur ses capacités. Après un très court segment à l’indigence consternante (on se croirait devant une de ces vieilles pubs en dessin animé totalement désuète), on en arrive au morceau de choix de ce programme, Le garçon qui à vu l’iceberg. Construit en split-screen (procédé consistant à découper la surface de l’écran en plusieurs sous-parties), il met en rapport le quotidien d’un jeune garçon avec ses fantaisies. Où comment son père, venu le réveiller et tirer les rideaux, se transforme en un horrible tortionnaire. Et ainsi de suite jusqu’à ce que la réalité rattrape la fiction dans les belles dernières minutes. Un parcours plein de poésie, avec d’habiles jeux de rimes et de correspondances, qui témoigne d’un imaginaire fécond. Une vraie réussite, et c’est bien la seule de l’ensemble.
Au bout du fil, le prochain segment, se situe quelque part entre la rêverie psychédélique et le cartoon théorique (un personnage en dévore un autre dans un crescendo darwinien). Sans réel fil narratif (et c’est précisément le but de Driessen, qui déclare vouloir procéder par associations d’idées), il est difficile d’adhérer à cette expérience très aride. La fin du monde en quatre saisons fait lui aussi office de film-concept, présentant jusqu’à neuf actions simultanées dans une expérimentation qui n’est pas sans rappeler certaines BD de Lewis Trondheim (Mister O, par exemple). Fatigant à voir (difficile de se concentrer sur plusieurs actions simultanées, à moins de visionner le film plusieurs fois), l’humour, qui joue la carte de la répétition, tombe à plat, même si cette description d’univers-cases fonctionnant en vase clos ne manque pas d’intérêt. Enfin, le dernier court, le plus long, est aussi le plus pénible : pur exercice de style où l’animateur s’amuse à jouer avec les lois de la perspective. Si le concept a de quoi amuser, les dix-sept minutes de 2D or not 2D relèvent vite du pensum.
C’est sur cette impression très mitigée que nous laisse le programme. En dehors d’un premier et troisième segments à la poésie subtile, le tout se complaît dans une abstraction qui ne risque de plaire qu’aux férus d’animation.
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