Deadbrain
Le 4 février 2009
Spectacle décérébré jusqu’à l’extrême, Deadgirl est nul mais s’en fout.
- Réalisateurs : Marcel Sarmiento - Gadi Harel
- Acteurs : Shiloh Fernandez, Noah Segan, Candice Accola, Jenny Spain
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Festival : Gérardmer 2009
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– Durée : 1h41mn
Spectacle décérébré jusqu’à l’extrême, Deadgirl est nul mais s’en fout.
L’argument : Deux lycéens décident de sécher les cours et se retrouvent dans un hôpital voisin désaffecté. Ils font sur place une macabre découverte : le corps dénudé d’une jeune femme enchaînée à une table et recouverte de plastique.
Notre avis : Dans le monde de Marcel Sarmiento et Gadi Harel, le jugement de valeur n’existe pas. Si l’univers se divise bien pour eux en deux catégories antagonistes, ce n’est pas pour effectuer une distinction entre le bien et le mal, mais entre ce qui est cool et ce qui ne l’est pas. Et en terme d’attitude cool, Marcel Sarmiento en connaît un rayon. Il fallait le voir, au festival de Gérardmer 2009, arriver sur scène avec son sourire figé et ses vêtements d’éternel adolescent, débitant des banalités bien campé dans ses baskets blanches. Typiquement le genre de réalisateur qui a du utiliser son skate-board pour réaliser ses premiers travellings.
Il n’y a ici que deux personnages féminins. La première est un zombie, attachée à une table dans un sous-sol crasseux, que l’on viole entre potes, pour passer le temps entre deux cours. L’autre est un objet de fantasme inaccessible, la plus jolie pom-pom girl du lycée (bien entendu) qui sort avec la star de l’équipe de football locale (bien entendu), avant de finalement remplacer la première dans le rôle de l’objet sexuel. Deadgirl, misogyne ? Sûrement. Car ce serait une grave erreur que de vouloir se livrer à une interprétation, en tentant de voir derrière les images un sens plus profond. Deadgirl n’est pas une réflexion sur la nécrophilie, la déviance sexuelle ou la place de la femme : il navigue dans un univers débile et décérébré, où la réflexion s’arrête justement là où commence le cinéma - à moins bien sûr qu’elle n’ait jamais vraiment débutée. Au fond, on sent bien que ce qui intéresse nos deux cinéastes n’est pas tant de raconter une histoire ou de faire passer un message que de faire du cinéma, s’amuser avec leurs caméras, s’éclater sur le tournage en buvant des bières. On fonce tout droit, on verra bien ce que ça donne.
L’aspect le plus emblématique du film est certainement son basculement vers le teen movie. Comme les réalisateurs ont bien compris qu’il était forcément cool d’être mélancolique lorsque l’on est adolescent, ils s’en donnent à cœur joie. Trois plans fixes sur un ciel bleu, une scène de balade en BMX parmi les feuilles mortes, le tout sur fond de musique vaguement indie, et le tour est joué. Et puis il y a la véritable trouvaille de Deadgirl, Shiloh Fernandez (Rickie), génial de transparence, incroyable de mollesse. Lorsque Shiloh ouvre grand les yeux, c’est qu’il est étonné. Lorsqu’il plisse les yeux et arbore un sourire en coin, c’est qu’il essaye de séduire. Le monde est comme ça, parfois : simple, évident. Par la superficialité auto-satisfaite qu’il dégage, il est l’incarnation parfaite d’un long-métrage qui aspire à peu et n’arrive à rien.
Trop mauvais pour être considéré comme un Cronenberg du pauvre, trop propre sur lui pour être l’héritier des Troma, Deadgirl aurait pu rester un anonyme film de festival et tomber dans l’oubli, mais par la médiocrité suprême qu’il finit par atteindre, il devient le parangon d’un cinéma content de lui-même, nul et insouciant.
- © Hollywoodmade
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