Daniel Boulanger (1922-2014) : homme de lettres et de cinéma

Prix Goncourt de la nouvelle 1974 pour Fouette cocher !, auteur de romans (L’Ombre), recueils de poésie (Vestiaire des anges) et pièces de théâtre (La Reine fracasse), Daniel Boulanger a été membre de l’Académie Goncourt de 1984 à 2008. Les cinéphiles se souviennent de l’acteur, qui fut l’un des seconds rôles pittoresques de la Nouvelle Vague, alors que ce courant avait plutôt tendance à évacuer ce genre d’emploi. Par sa fausse jovialité et sa calvitie, il était aisément reconnaissable et campait des personnages qui accentuaient le ton décalé de certains récits. Il incarna d’abord l’inspecteur de police Vital, traquant Belmondo et charriant Jean Seberg dans À bout de souffle. L’année suivante, en 1961, il entama une collaboration avec François Truffaut en faisant partie de la distribution de Tirez sur le pianiste, auprès de Charles Aznavour et Marie Dubois, disparue elle-même il y a quelques semaines.
Pour le même cinéaste, il joua l’un des hommes victimes de la vengeance de Jeanne Moreau dans La mariée était en noir, puis le voisin ténor de Jean-Pierre Léaud et Claude Jade dans Domicile conjugal. Lelouch, Zidi et de Broca l’ont également dirigé. C’est pour ce dernier réalisateur que Daniel Boulanger avait accepté d’être scénariste. On l’associe ainsi à plusieurs de ses films dont Cartouche et L’homme de Rio. Cette comédie policière réjouissante lui valut d’être nommé à l’Oscar du meilleur scénario en 1965, honneur qu’il partagea avec Jean-Paul Rappeneau, Ariane Mnouchkine et Philippe de Broca. Parmi ses autres réussites de scénario ou dialogues, on peut citer La vie de château (Jean-Paul Rappeneau, 1965), Le voleur (Louis Malle, 1967), ou bien encore Police Python 357 (Alain Corneau, 1976). Dialoguiste incisif, il permettait de croquer un personnage en quelques paroles tout en manifestant une indéniable finesse d’écriture.