Le 23 avril 2023
Si le cinéma est friand de témoignages dansés autour de l’œuvre intemporelle de Pina Bausch, Dancing Pina fait vibrer les cœurs et les émotions.
- Réalisateur : Florian Heinzen-Ziob
- Genre : Documentaire, Musical
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h52mn
- Date de sortie : 12 avril 2023
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Résumé : Iphigénie en Tauride / Le Sacre du printemps. Au Semperoper en Allemagne et à l’École des Sables près de Dakar, de jeunes danseurs, guidés par d’anciens membres du Tanztheater de Pina Bausch, revisitent ses chorégraphies légendaires. Pour ces artistes, issus de la danse contemporaine, du hip-hop ou du ballet classique, danser Pina, c’est questionner ses limites, ses désirs, et métamorphoser une œuvre tout en se laissant soi-même métamorphoser par elle.
Critique : Il y a quelques années, Wim Wenders d’aventurait dans une réécriture cinématographique de l’œuvre chorégraphique de Pina Bausch avec la 3D. Le résultat était brillant. Il était donc difficile pour ce jeune réalisateur, Florian Heinzen-Ziob, de prendre à son tour le relai. Or, force est de constater que l’exercice est en tout point remarquable. Le cinéaste filme la préparation de deux spectacles, l’un en Allemagne, l’autre au Sénégal, où conjointement, des anciens danseurs de la chorégraphe elle-même s’essayent à restituer auprès de jeunes gens la magie du geste. En réalité, Dancing Pina oppose deux univers : l’un est plus classique même si les danseurs qui s’élancent pendant de longues semaines dans la salle d’entraînement ne se cachent pas d’avoir été souvent perçus comme inaptes ou inadaptés à leur passion ; l’autre met en scène des danseurs africains plus habitués aux arts traditionnels qu’à la rigueur des ballets classiques. Pour autant, ce qui les unit demeure cette manière si remarquable d’aborder la danse, ce regard iconoclaste sur les corps, et cette facilité à mélanger musique d’hier et modernité du ballet.
- Copyright Shellac Distribution
La grande qualité demeure la façon dont Florian Heinzen-Ziob plante sa caméra au cœur des danseurs. La focale capte les gestes, la sueur qui coule sur les fronts, la meurtrissure des corps, et les marées de mouvements qui vont et viennent entre l’écran et le fauteuil du spectateur. La juste position de la caméra contribue à rendre compte d’un art chorégraphique aussi sensuel, émotionnel que technique. Pour autant, on savait que Pina Bausch, malgré son exigence, ne cherchait pas la perfection du geste dansant à tout prix. Son obsession réelle se centrait sur la capacité de sa troupe à se révéler, à faire surgir les abîmes de leur âme sur le devant de la scène. Justement, la caméra renforce la vibration des visages et des corps. Le spectateur a l’impression d’être immergé dans le combat que mènent les jeunes artistes pour recommencer ce qu’ils ont compris de Pina Bausch. En même temps, Florian Heinzen-Ziob ne filme pas la souffrance. Il regarde les progrès s’accomplir chaque jour, les mises en abime progressives dans une époque qui n’est pas la leur.
- Copyright Shellac Distribution
Il faut dire que le film contient en lui tout ce qui fait le bonheur du cinéma : des musiques somptueuses, des sons soignés jusqu’au bruit des pieds qui se frottent contre le sol de la salle de répétition, une photographie magnifique et des plans de toute beauté. Le réalisateur s’efforce de filmer le plus possible en plans-séquences, il n’abuse pas des coupures du montage : tout cela pour permettre au spectateur de s’immerger dans une représentation qu’il n’aura jamais la chance de voir en réel. En ce sens, Dancing Pina fait œuvre d’une véritable générosité au bénéfice d’abord du spectateur, puis de ces jeunes danseurs, de ces metteurs en scène, de ces musiciens, et bien sûr de la puissance créatrice et atemporelle de Pina Bausch.
- © Dulac Distribution
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