Indéchiffrable
Le 20 février 2014
Adaptation fastidieuse et hypertrophiée d’un best-seller douteux. Faux événement.
- Réalisateur : Ron Howard
- Acteurs : Audrey Tautou, Jürgen Prochnow, Tom Hanks, Jean Reno, Ian McKellen, Paul Bettany, Jean-Pierre Marielle, Étienne Chicot, Alfred Molina, Marie-Françoise Audollent, Jean-Yves Berteloot
- Genre : Thriller, Nanar
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Gaumont Columbia Tristar Films
- Editeur vidéo : Gaumont/Columbia/Tristar Home Video
- Durée : 2h32mn
- Date télé : 10 novembre 2024 23:15
- Chaîne : RTL9
- Titre original : The Da Vinci Code
- Date de sortie : 17 mai 2006
- Festival : Festival de Cannes 2006, Sélection officielle Cannes 2006
Résumé : Une nuit, le professeur Robert Langdon, éminent spécialiste de l’étude des symboles, est appelé d’urgence au Louvre : le conservateur du musée a été assassiné, mais avant de mourir, il a laissé de mystérieux symboles... Avec l’aide de la cryptologue Sophie Neveu, Langdon va mener l’enquête et découvrir des signes dissimulés dans les œuvres de Léonard de Vinci. Tous les indices convergent vers une organisation religieuse aussi mystérieuse que puissante, prête à tout pour protéger un secret capable de détruire un dogme deux fois millénaire... De Paris à Londres, puis en Écosse, Langdon et Sophie vont tout tenter pour déchiffrer le code et approcher les secrets qui remettent en cause les fondements mêmes de l’humanité...
Critique : Victime du succès du roman de Dan Brown, dont les qualités littéraires restent somme toute discutables (il se rapproche effectivement plus d’un long roman de gare très efficace que d’un pavé dostoïevskien ésotérique), le film déçoit, non pas en raison de son contenu polémique sur la religion, mais au contraire pour son classicisme quasi débilitant. Confessons-le d’emblée : Da Vinci Code, adaptation filmique du célèbre best-seller, n’est à aucun instant transcendé par Ron Howard. Le cinéaste suit le livre dans ses principaux enjeux dramatiques, les détaille au gré de longues scènes très loquaces et conserve la structure originelle. En somme, synchrone au bouquin.
Il ne faut rien attendre de plus : Da Vinci Code s’inscrit dans le genre pépère des adaptations calquées sur le roman qui pâtissent d’une absence de regard - et d’audace - de la part d’un réalisateur sans doute trop respectueux du matériau d’origine. Ron Howard, créateur impersonnel mais honnête artisan, était le choix tout trouvé aux commandes du projet. Le problème avec un film très attendu, qui se satisfait du mystère qu’il cherche à générer par des moyens paradoxalement racoleurs, c’est que les retombées peuvent être brutales voire douloureuses. C’est ce qui s’appelle fonctionner à double tranchant. D’autant que Ron Howard tend à plus d’une reprise le bâton pour se faire battre. Il a notamment forcé le trait sur bien des aspects, avec un ton grandiloquent qui confine au ridicule. L’autre souci réside dans sa durée (environ 2h30) que rien ne justifie.
Et, d’un point de vue critique, la ritournelle est également connue : les plus sceptiques souligneront deux fois plutôt qu’une la propension du metteur en scène à ne pas faire autre chose que de l’académisme en bobine. De fait, problèmes sérieux : son recours à une musique hypertrophiée pour souligner les événements et les rebondissements confine au ridicule, parce que ces artifices ne soulignent pas grand-chose ; les flash-back censés expliquer le passé des personnages et des mythes évoquent du René Manzor sous ecsta et les répliques chocs sont assénées avec une emphase rédhibitoire qui risque de susciter l’hilarité. Seule l’interprétation d’ensemble (le couple Tautou-Hanks est classe) tente de conférer de l’ambigüité et de l’intégrité à ce film qui en est tant dépourvu.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Pour cette édition quasiment simple, un seul bonus est disponible. Il s’agit d’une featurette d’une dizaine de minutes consacrée à l’équipe française du film, composée de Jean Reno, Audrey Tautou et Jean-Pierre Marielle. Parfaitement promotionnelle, donc parfaitement dispensable. Sur la version longue du film (oui, elle existe !), vous trouverez de quoi rassasier votre quête du Code : un entretien avec Dan Brown et une myriade de petits documentaires sur le tournage.
Image & son : Produit très classieux qui ne sauve malheureusement pas le film du naufrage. L’image, précise à souhait, est somptueuse grâce à une gestion des contrastes finement reproduite. Les piste DD 5.1 se montre à la hauteur et envahit avec relief l’espace.
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giridhar 18 mai 2006
Da Vinci Code - Ron Howard - critique
N’ayant pas encore cédé aux sirènes du matraquage médiatique qui a propulsé le livre aux sommets de la popularité, c’est avec l’innocence de l’ignorant que j’ai visionné le film. Après deux heures trente de projection, le premier commentaire qui surgit est celui-ci : tout ça pour ça ? Parce que, quelle que soit la qualité du livre, ce qui en a été tiré cinématographiquement est assez affligeant ! Il y a des réalisations qui se distinguent par leurs "qualités" intrinsèques, "bonnes" ou "mauvaises". Que l’on se sente en harmonie ou en opposition avec certains choix ("La passion du Christ" ou "Alexandre" en sont de bons exemples récents), il est impossible de dénier à Oliver Stone ou surtout à Mel Gibson d’avoir délibérément choisi des partis-pris extrêmes et dérangeants.
Dans le cas présent, le film de Ron Howard pourrait se définir par une suite de "ni, ni...". Ce qui nous est présenté n’est ni un film policier, ni une oeuvre de réflexion, ni un pamphlet subversif, ni un délire aventureux. Bien trop poussive et banale pour entrer dans la première catégorie, bien trop primaire pour effleurer la seconde, bien trop fouillis pour dénoncer quoi que ce soit et briller dans la troisième, bien trop pâle pour flirter avec la quatrième, l’histoire est une sorte de croisement improbable entre une aventure de Tintin modernisée et un épisode des "5 dernières minutes" ("mais c’est bien sûr..."). Malgré son talent inné, Tom Hanks est fort peu crédible en professeur spécialiste du symbolisme. Son personnage, ballotté de ci de là au gré des péripéties, ne parvient jamais à affirmer une individualité saillante. Jean Reno, lui, est quasiment transparent. Sophie s’en tire légèrement mieux, mais les deux figures qui s’imposent, sont incontestablement celles de Sir Leigh Teabing (Ian McKellen) et de Silas, en obsédé meurtrissant sa chair pour atteindre l’harmonie christique. Malheureusement, cela est loin de suffire pour extirper l’ensemble d’un fatras inextricable, qui prend, au fur et à mesure de la progression narrative, l’allure de sables mouvants.
Non seulement on ne comprend pas grand chose à cet affrontement bi-millénaire de l’Opus Dei, du Vatican, du Prieuré de Sion, des Templiers, d’Isaac Newton..., mais surtout, l’absence de maîtrise de la trame fait que l’on s’en contrefiche désespérément ! Les séquences "actives" sont quasiment sans intérêt (quelques poursuites ou revolvers braqués). Ce qui est plus grave, c’est que, pour couronner le tout, d’interminables explications viennent casser le peu de rythme qui, parfois, tentait de ranimer l’énergie vacillante de l’aventure. C’est verbeux, assommant, long, ennuyeux à mourir, aussi clair que du jus de boudin, souvent à la limite du ridicule, et... sans humour ! Quitte à partir dans des délires extravagants, que ce soit au moins divertissant ! Spielberg nous en a fourni un sacré bon exemple, avec sa quête du Graal, façon Indiana Jones ("I.J. & la dernière croisade"). Le livre de Dan Brown n’a certainement pas de mal à se montrer plus enthousiasmant que cette ratatouille catarrheuse ! Force est souvent de constater que les ouvrages enivrants donnent parfois naissance à des adaptations pour le moins misérables. Il suffit de considérer les mises en image navrantes du "Comte de Monte-Cristo" ou des "Rivières pourpres"... Deux exemples extrêmes parmi des centaines...
Pour ceux qui s’intéressent sérieusement à d’autres "explications" que celles fournies par les Conciles ou la tradition Vaticane, plusieurs voies sont à explorer. Tout d’abord les "ouvrages" de Rudolf Steiner, au premier rang desquels : les 4 évangiles et "De Jésus au Christ". Ensuite les évangiles apocryphes (ex. Evangile de Thomas"). Egalement des "visions" d’auteurs, tels Anne & Daniel Meurois-Givaudan. Enfin, pour ce qui est des mystérieuses activités de l’Opus Dei et autres Prieuré de Sion, la lecture du "Livre jaune N°5" & du "Livre jaune N°6" (Editions Felix) apportera des hypothèses passionnantes à défaut d’êtres sûres à 100%...
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Voir en ligne : DaVinci Code
eki 22 mai 2006
Da Vinci Code - Ron Howard - critique
Je ne vais pas exposer ici mon goût pour ce film mais plutôt mon dégout par rapport à la critique de votre journaliste !
Comment peut-on critiquer un film pour avoir "calquer sur l’oeuvre qu’il reprend" ?
Il y a une chose que je comprend pas là ! le livre s’appelle da vinci code, le film s’appelle da vinci code ! C’est absolument normal et je dirai même indispensable qu’il suive le livre rien que par respect de l’auteur !!!
Je suis sur que ce journaliste a applaudi la réalisation du seigneur des anneaux, affirmant que le réalisateur avait vraiment imposé son regard sur l’oeuvre : mais en faisant ça il la déforme l’oeuvre !!!!
Le rôle d’un réalisateur qui reprend une oeuvre pour la mettre en film n’est pas d’y ajouter son regard mais de rendre le film aussi fidèle que possible à cette oeuvre.