Elle et lui au septième ciel
Le 31 mars 2012
Un Leconte bon cru où la légèreté cherche joliment des noises à la gravité.


- Réalisateur : Patrice Leconte
- Acteurs : Anne Brochet, Fabrice Luchini, Sandrine Bonnaire, Michel Duchaussoy, Gilbert Melki
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Durée : 1h44mn
- Date de sortie : 25 février 2004

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Un Leconte bon cru où la légèreté cherche joliment des noises à la gravité.
L’argument : En allant chez son nouveau psy, Anne se trompe de porte et se retrouve dans le bureau de William, un conseiller fiscal. Touché par sa détresse, le monsieur n’ose rien dire et la laisse se confier. C’est le début d’un rituel où Anne va multiplier les visites chez cet homme qui peine à lui avouer la vérité...
Notre avis : Soyons honnêtes : les derniers films de Patrice Leconte n’ont rien de transcendants. Entre l’insignifiant Félix et Lola, le désuet Rue des plaisirs et le maladroit Homme du train, cela faisait longtemps que le réalisateur du formidable Tandem n’avait pas mis en scène une fiction digne de son talent. Bonne nouvelle : ce Leconte-ci est un bon cru, un de ceux où les duos sont complémentaires et inattendus, où l’intrigue tient la route et où accessoirement la légèreté cherche joliment des noises à la gravité.
A la manière de La fille sur le pont et de Monsieur Hire, Leconte propose une histoire d’amour platonique où les personnages s’amusent à endosser des rôles pour mieux connaître l’autre et incidemment se connaître eux-mêmes. Le scénario, très écrit, semble d’une simplicité extrême alors qu’en réalité il erre délicieusement dans tous les registres pour mieux titiller la curiosité. Comédie ? Drame ? Thriller ? On est entre les trois et on s’interroge sur les motivations de cette femme (sincère ? folle ? mythomane ?). De manière subtile, Leconte profite d’un concours de circonstances imprévu (le conseiller fiscal qui s’improvise psy) pour bousculer les conventions.
A travers ce subterfuge roublard où la manipulation est reine, naît une relation étrange et vitale où les deux protagonistes réalisent qu’ils peuvent encore modifier ce quotidien morne dans lequel ils se sont conditionnés. Cette formule qui consiste à rapprocher deux personnages antithétiques pour mieux les faire évoluer ensemble peut paraître aussi artificielle que convenue mais elle a le mérite de porter ses fruits ici, grâce aux efforts louables de comédiens impeccablement sobres : Sandrine Bonnaire qui traîne avec elle tout un lot de contradictions et de paradoxes dangereusement séduisants, et Fabrice Luchini qui range au placard tout cabotinage excessif et évite de se donner en spectacle. Ce n’est pas rien.