L’homme du train - La critique

Passage en revue de nos actes manqués avec une comédie psychologique aussi laborieuse qu’un livre de John Gray.

Je suis un imposteur, titrait Patrice Leconte son autobiographie. On va finir par le penser au regard de son dernier opus L’homme du train. Tête d’affiche inédite et prestigieuse, réalisation soignée, scénario intrigant ; le réalisateur rate pourtant son pari et plonge son film dans une mélancolie barbante, marquée toutefois par de jolis moments.

Un étranger, la gueule burinée par une vie de marginal, débarque dans une petite ville de province. Ses silences et son air pas commode n’incitent pas à la conversation. Cela n’empêche pas un vieux monsieur un peu gauche de l’inviter chez lui. Deux solitudes, on ne peut plus antagonistes, vont alors se compléter et sympathiser. Le premier finalement aurait voulu chausser des pantoufles, alors que le second se rêvait gangster, une arme dans chaque main...

"Nous avons tous voulu, à un moment ou un autre, vivre une vie totalement différente de celle qu’on a, explique Patrice Leconte. Bien sûr, c’est impossible car il est toujours trop tard. Sauf au cinéma où l’impossible devient enfin possible. L’homme du train est une comédie étrange et décalée. Un film court et compact qui va à l’essentiel." Tellement à l’essentiel qu’il en oublie le principal : entraîner avec lui son audience. Le personnage de Jean Rochefort s’ennuie dans sa vie de professeur à la retraite ; celui de Johnny Hallyday est fatigué de son existence de bohème. Mais à la longue, c’est le spectateur qui est fatigué de s’ennuyer.

Patrice Leconte filme des acteurs qu’il aime profondément (septième collaboration avec Rochefort), sur le thème de la fuite en avant déjà éprouvé par le passé (Monsieur Hire, Tandem, La fille sur le pont). Et c’est peut-être bien là le problème. Leconte fait son film pour lui uniquement, laissant irrémédiablement les spectateurs sur le bas-côté. En dépit de bons dialogues, presque littéraires pour ceux de Rochefort, d’un Johnny sobre à souhait et d’une tristesse joliment restituée, cet Homme du train ne fait que passer son chemin, sans imprimer la pellicule.

Le making of, proposé en supplément, confirme cette impression. L’ambiance sur les plateaux est conviviale, chaleureuse, synonyme de tournage entre copains. On aimerait partager les douleurs respectives de ces deux personnages un peu paumés, mais L’homme du train nous reste au final totalement hermétique.

Le DVD

– Edition 1 DVD
– Bonus : commentaires audio de Patrice Leconte
– Format cinémascope 2.35
16/9 anamorphique compatible 4/3
– Chapitré
– Couleur
– Audio français, Dolby Digital 5.1, DTS 5.1
– Tous publics