Le 12 août 2022
Une proposition de cinéma intimiste et audacieuse, explorant les affres de la médiocrité sans jamais sombrer dans le misérabilisme. Par le chanteur Orelsan.
- Réalisateurs : Christophe Offenstein - Orelsan
- Acteurs : Sophie de Fürst, Gringe , Seydou Doucouré
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : La Belle Company
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 16 mars 2023 21:00
- Chaîne : OCS Max
- Date de sortie : 9 décembre 2015
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Résumé : Orel et Gringe approchent de la trentaine. Le premier est réceptionniste dans un hôtel, le second multiplie les occasions de tromper sa petite amie ; les deux sont rappeurs et veulent vivre de leur musique. Hébergés depuis cinq ans dans un studio d’enregistrement après avoir été remarqués par Skread et Ablaye, Orel et Gringe n’ont jamais terminé un morceau. Exaspérés par la mollesse et l’absence totale de volonté de leurs protégés, les producteurs leur imposent un ultimatum : ils ont vingt-quatre heures pour finir un texte sous peine de perdre leur dernière chance de percer. Il est temps de s’y mettre… ou de traîner dans la grisaille de Caen.
Critique : Premier film du rappeur français Orelsan, coscénarisé et coréalisé par Christophe Offenstein, Comment c’est loin est une proposition de cinéma intimiste et audacieuse, explorant les affres de la médiocrité sans jamais sombrer dans le misérabilisme. Explorant la vacuité émotionnelle engendrée par un néo-existentialisme superficiel, et relatant la vie arythmique de deux personnages aux expressions faciales subrepticielles, Comment c’est loin avait tout de l’exercice de style fatalement voué à l’échec… Mais c’était sans compter sur la présence de Christophe Offenstein, dont l’expérience apporte à la sincérité d’Orelsan une tangibilité précieuse. Le film installe les prémices de l’univers exploité par le rappeur et son binôme, Gringe, dans le premier album du duo (Les Casseurs Flowters) qu’ils forment– en exposant la vanité lentement autodestructrice de la lutte contre une médiocrité imposée par l’establishment (et personnifiée par certains protagonistes : du père au patron, en passant par la famille de la petite amie…). Issus de la classe moyenne, les deux rappeurs vacillent entre une indolence confortable et l’espoir de réussir un jour… En vérité, leur projet ne s’impose qu’en excuse offerte à la platitude de leur vie, justifiant excès de paresse et procrastination.
Passées des scènes d’exposition caractérisant avec maestria les deux figures nodales du récit, l’ultimatum susmentionné inscrit le film dans une nouvelle logique narrative, ponctuée par des surimpressions d’horaires soulignant le décalage entre l’urgence de la situation d’Orel et de Gringe et leur propension à tout remettre à plus tard. Au-delà de leur nonchalance, les deux personnages refusent d’admettre leur peur de l’échec et s’engouffrent dans un quotidien absurde, porté par un mensonge auquel ils croient de moins en moins : on finira bien par y arriver… Et l’œuvre d’exploiter une thématique rare, en dépit de l’apparente simplicité de sa trame dramatique. La mise en scène de Comment c’est loin relève la morosité caennaise et brille, à l’image du duo, par son épure et son absence d’ornements. Elle se fait plus libre quand il s’agit d’accentuer le talent des Casseurs Flowters, en usant de conventions pseudo-clipesques - assez mesurées pour s’inscrire parfaitement dans le flux du récit – pour sublimer les morceaux de la bande originale composée pour le film. Cette dernière, ni trop présente, ni trop en retrait, insuffle un rythme bienvenu à une œuvre traitant, in fine, du désœuvrement et de l’ennui.
Si Comment c’est loin jouit de qualités profondément estimables (de son intelligence à son aisance, en passant par la fraîcheur d’un humour bâti sur un sens du décalage, des caractères outranciers et des jeux de mots moisis), le long-métrage n’est pas exempt de défauts. Malgré une temporalité s’écoulant en moins de deux jours, le film est meurtri par une narration cyclique, en adéquation, certes, avec la médiocrité existentielle des personnages ; et par une myriade de personnages excessifs employés pour caractériser davantage Orel et Gringe, sous-estimant de ce fait la puissance évocatrice d’une direction artistique notable. Mais ce ne sont que les quelques vices d’une œuvre autrement portée par le charisme anti-iconique des deux rappeurs (déjà exploité dans la mini-série Bloqués). Et si le film emploie une luxuriance d’éléments autobiographiques, il s’impose en fiction et n’oublie jamais de divertir son audience… C’est sans doute, à l’aulne de thématiques inadaptées au langage cinématographique, sa plus grande force.
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