Le vent l’emportera...
Le 3 septembre 2021
Avec En solitaire, Christophe Offenstein, directeur de la photographie sur la plupart des films de Guillaume Canet, réalise son premier long-métrage avec un François Cluzet métamorphosé en skipper du Vendée Globe. Verdict.
- Réalisateur : Christophe Offenstein
- Acteurs : Guillaume Canet, François Cluzet , Samy Seghir, Virginie Efira, Karine Vanasse
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h36mn
- Date télé : 3 septembre 2021 21:05
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 6 novembre 2013
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Résumé : Yann Kermadec voit son rêve se réaliser quand il remplace au pied levé son ami Franck Drevil au départ du Vendée Globe, le tour du monde à la voile en solitaire. Habité par une farouche volonté de gagner, alors qu’il est en pleine course, la découverte à son bord d’un jeune passager va tout remettre en cause.
Critique : S’attaquer au légendaire Vendée Globe était pour le moins « couillu ». Choisir de tourner en pleine mer sur un bateau prévu à la base pour une personne l’était encore plus. Un grand bravo donc aux courageux de l’équipe technique qui ont su, bon gré mal gré, rendre palpable l’atmosphère de cette haletante course autour du monde. Mais avec une telle matière première et un premier rôle confié à l’un des meilleurs acteurs de sa génération, pourquoi donc vouloir à tout prix caser une intrigue supplémentaire qui n’a pas lieu d’être ? Sans doute pour se conformer aux attentes du public français, diront les uns, pour donner à l’histoire un plus grand ancrage dans la société actuelle, soutiendront les autres. Alors qu’il avait tout pour plaire, ce tour du monde à la voile perd son caractère mythique avec l’arrivée sur le bateau d’un jeune Mauritanien qui rêve de vivre en France. Malgré le talent certain de Samy Seghir (qui a bien poussé depuis Neuilly sa mère !) et la justesse de ton de François Cluzet, la relation entre les deux personnages ne convainc pas, et chose infiniment plus regrettable, peine à nous émouvoir. Peut-être parce que cette rencontre entre deux êtres esseulés manque de liant, d’actions concrètes qui auraient renforcé l’idée d’une relation père-fils de substitution. En outre, l’idée du vieux loup de mer s’adoucissant peu à peu en la présence d’un compagnon non désiré est tellement éculée qu’on a d’autant plus de mal à avaler la pilule. Contrairement à Welcome, qui prenait à bras le corps la question de l’immigration clandestine, En solitaire semble contourner le problème pour se cantonner, avec un sentimentalisme de tous les instants, à une sorte de fable maladroite sur la bonté humaine et le besoin d’entraide inhérent à notre condition. Et pourtant, le film manque justement de ce supplément d’âme qui fait l’étoffe des grandes œuvres, miné par un scénario totalement convenu qui, loin de nous tenir en haleine, s’étiole petit à petit jusqu’à l’inévitable happy end. Outre ce problème de taille, le métrage s’appuie sur des personnages secondaires totalement artificiels et empile les clichés, allant de la difficile relation belle-mère / fille (une situation résolue en deux temps trois mouvements) aux dialogues insipides, via écrans interposés, entre Yann et sa compagne. Dommage pour Virginie Efira, la jolie couguar de 20 ans d’écart, dont le personnage gnangnan au possible finit par franchement agacer. Quant à Guillaume Canet, ami de longue date du réalisateur Christophe Offenstein (chef opérateur sur quasiment tous ses films), son personnage n’a guère plus d’épaisseur, si bien qu’il ne parvient jamais à faire oublier son statut de « guest star ».
- "En solitaire" : François Cluzet et Samy Seghir
- © Gaumont Distribution
Même si la réalisation est tout ce qu’il y a de plus honnête et permet de bien ressentir la force du vent s’engouffrant dans les voiles et la vitesse du bateau bravant la grande étendue bleue qui s’étend à perte de vue, on s’attendait à quelque chose de beaucoup plus spectaculaire. Offenstein, sans doute par souci de réalisme, reste tellement collé au récit qu’il n’ose jamais s’aventurer au-delà de sa ligne de démarcation. En conséquence, En solitaire manque cruellement d’envergure, évoquant davantage l’aspect lisse du reportage que l’expression cinématographique des dangers de la mer. On est bien loin de l’hallucinant naufrage de L’Odyssée de Pi et de l’hymne à l’océan de 20 000 lieues sous les mers ! Force est de constater qu’hormis les problèmes de safran cassé et quelques ennuis d’ordre mécanique, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, excepté un sauvetage en haute mer tellement exempt de relief qu’il ferait presque figure d’anecdote. Seule l’interprétation d’un François Cluzet encore une fois étincelant – et dont le souvenir du Philippe Miller d’A l’origine est encore vif-, véritable homme providentiel, permet au spectateur de ne pas sombrer dans un profond ennui. Emmitouflé dans son ciré rouge, son Yann Kermadec a la niaque juste ce qu’il faut pour ne pas virer à la caricature du surhomme, exhalant cette espèce de force tranquille qui le caractérise si bien. Si ce premier long de Christophe Offenstein manque singulièrement de peps, il parvient tout de même à séduire grâce à l’identification à un personnage principal complexe, tour à tour roc insubmersible et tendresse incarnée, confronté à un choix crucial qui déterminera quel genre d’homme il est vraiment. Mais tout cela est bien mince et, malgré la meilleure volonté du monde, le verdict est sans appel : En solitaire devrait passer bien loin au large, manquant les spectateurs amassés sur la côte.
- © Gaumont Distribution
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