Voix intérieures
Le 26 octobre 2015
Le premier film de Marc’O est un précieux témoignage de l’Avant-Garde des années 50.
- Réalisateur : Marc’O
- Genre : Expérimental
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Les périphériques vous parlent
- Durée : 1h03mn
- Plus d'informations : http://www.lesperipheriques.org/IMG...
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Le premier film de Marc’O est un précieux témoignage de l’Avant-Garde des années 50.
L’argument : Closed Vision est la représentation cinématographique et poétique de soixante minutes de la vie intérieure d’un homme qui se promène à Cannes, sur la Croisette. Ce film se propose d’être au cinéma l’équivalent des fameux monologues intérieurs de James Joyce dans son célèbre roman Ulysse, il entend ne tenir aucun compte des traditions cinématographiques. Un homme se promène. Il pense, voit, imagine, rêve, marche, contemple, muse, entend, sent, ressent. Il a une caméra dans la tête. C’est tout...
Notre avis : Le parcours de Marc’O est lié, depuis soixante ans, à ce qu’on appelle l’Avant-Garde. Fréquentant dans sa jeunesse le groupe surréaliste, publiant le premier article de Guy Debord dans sa revue ION, proche des Lettristes et producteur du film d’Isidore Isou Traité de bave et d’éternité (1951), il dirigea dans les années 60 le théâtre de l’American Center où débutèrent, entre autres, Bulle Ogier, Jean-Pierre Kalfon, Pierre Clémenti et Michèle Moretti qu’on retrouve, en 1967, dans le film tiré du spectacle Les idoles.
Mais Closed vision appartient à une phase antérieure de son travail et se présente sous l’aspect d’un film expérimental jouant sur les relations, ou la non-relation, entre un texte en voix off, monologue intérieur mais à plusieurs voix, et d’images oniriques, censées jaillir de ces mots ou les contredire et faire surgir les beautés inédites de la pensée intérieure .
Le film, produit par l’Américain Léon Vickman, fut présenté par Jean Cocteau au Festival de Cannes en 1954 et eut un certain retentissement. Il s’écartait assurément de la production courante et n’est pas dénué de charge provocatrice dans la fermeté de ses partis-pris. La musique sévère de Roger Calmel, élève de Darius Milhaud, et le blanc et noir très contrasté de Jean-Gabriel Albicocco contribuent à donner à l’exercice une allure certaine.
Closed vision s’inscrit dans une certaine tradition de l’avant-garde Française mais reste loin de la poésie d’un Cocteau ou d’un Vigo. On pourra trouver fastidieux son humour appuyé et bien plat son symbolisme. Quant au caractère déclamatoire des voix intérieures, il passe bien mal de nos jours.
S’il peine à décoller du niveau d’un jeu un brin laborieux et théorique, le film de Marc’O demeure un témoignage de premier intérêt.
Le DVD
C’est la revue Les Périphériques vous parlent, qui publie cette remarquable édition DVD du premier film de Marc’O, jalon important du cinéma d’avant-garde des années 50. Disponible sur : http://www.choses-vues.com/blog/products-page/
Les suppléments
Deux documentaires viennent apporter un éclairage fort utile pour apprécier à sa juste valeur Closed vision :
– Open Mind de Sébastien Juy fait s’entretenir Marc’O et André S. Labarthe au cours d’une projection du film et fournit nombre d’informations sur le contexte de la production de ce dernier.
– Dans Flash back Marc’O, répond, face à la camera, aux questions de Federica Bertelli et parle longuement d’une démarche artistique qu’il poursuit jusqu’à aujourd’hui.
Image
La copie, au noir et blanc très contrasté, ne présente pas de défauts notables. La numérisation est irréprochable et permet de visionner le film dans les meilleures conditions.
Son
Du bon travail, là aussi : musique et voix se détachent avec une parfaite netteté, permettant un parfait confort d’écoute. A noter qu’on peut choisir entre la version française et la version anglaise, toutes deux d’époque.
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