Itinéraire bis
Le 17 août 2007
Un père, son fils. Petites magouilles, petits bonheurs, gros chagrins. Un Poirier comme on les aime.
- Réalisateur : Manuel Poirier
- Acteurs : Sergi López, Kevin Miranda
- Genre : Comédie dramatique, Road movie
- Nationalité : Français
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– Durée : 1h41mn
Un père, son fils. Petites magouilles, petits bonheurs, gros chagrins. Un Poirier comme on les aime.
L’argument : Sur les routes de Bretagne, dans une vieille Mercedes, seule rescapée d’un passé plus glorieux qui affleure par bribes, Victor et son fils adolescent, Félix, errent sans but apparent et survivent grâce à la débrouillardise.
Notre avis : Victor et ses conquêtes féminines. Victor et ses forfanteries. Victor et ses combines minables. Victor, maladroit, qui tente de jouer au père. Pas facile de prôner les vertus du travail scolaire quand on n’est soi-même qu’un magouilleur à la petite semaine. Pas facile d’offrir un foyer à son enfant, quand on est condamné à errer de meublé en meublé. Pas facile de garder sa dignité sous le regard goguenard et peu bienveillant de Félix, adolescent taiseux.
Moustachu, paumé, balourd, à côté de la plaque, crevant de besoin d’amour, Sergi Lopez abandonne toute prétention de latin lover pour se mettre dans la peau de ce Victor peu reluisant, aussi touchant qu’énervant. Le genre de mec auquel on a envie de dire : arrête ton cinéma, tu me fais rire. Rire ? A vrai dire, on rit peu dans ces Chemins de traverse, bien que certaines scènes soient totalement désopilantes. On rit peu mais on sourit beaucoup et ce n’est pas le moindre mérite de Manuel Poirier que de gommer le trop-plein d’émotion qui pourrait guetter ce genre de sujet. Un père et son fils entre lesquels le courant ne passe pas jusqu’à ce que l’histoire tourne au vinaigre. Un retournement de situation qui permet d’assister à l’éclosion de Kevin Miranda : on le voit littéralement grandir et mûrir à l’écran. Magnifique.
Ces paysages de la Bretagne quotidienne, ces histoires de route, de bagnole et d’errance, d’amour attendu, refusé, donné ou reçu, font irrémédiablement penser au Western si réussi d’il y a quelques années. Mais loin de nous l’idée d’en faire le reproche à Manuel Poirier. Voilà un réalisateur fidèle à lui-même, utilisant une grammaire cinématographique simple, presque minimaliste, des dialogues à la limite de l’épure, pour nous raconter sans esbroufe des histoires qui se ressemblent et qui nous ressemblent. Écorchures à vif, difficulté de communiquer, peur de l’abandon, la vie est rude à ceux qui ont le cœur trop tendre. Si l’itinéraire est hasardeux, l’espoir peut tout de même surgir à la croisée des chemins. Et le chaud souffler après le froid, tout comme le dernier plan du film qui renvoie directement à la dédicace du début : "A l’amour partagé". Un partage plein de sensibilité, de pudeur et d’humanité dans lequel on accompagne bien volontiers Manuel Poirier.
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