Au pays de Dame Tartine
Le 12 juillet 2005
Un conte insolite qui n’a pas pris une ride.
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Un conte insolite qui n’a pas pris une ride.
Ça commence comme un roman dickensien, dans la famille de Charlie, si pauvre qu’on est à deux doigts d’y mourir de faim. Alors, se dit-on, est-ce que ça va tourner en Petit Poucet ou en Hänsel et Gretel ? Est-ce qu’il va s’agir d’abandonner l’enfant à son triste sort ? Est-ce qu’il va rencontrer un ogre ou une sorcière ? Mais non, parce que dans la famille de Charlie, on s’aime, on se serre les coudes et on comprend les tourments du petit garçon, obligé chaque jour, sur le chemin de l’école, de humer les délicieux fumets de la chocolaterie Wonka, alors que chez lui on ne se nourrit que de chou... quand il y en a. Et c’est un bonheur pour tous, lorsque Charlie trouve un ticket d’or qui lui permet d’être un des cinq gagnants qui visiteront cette mystérieuse fabrique de chocolat.
Avec Roald Dahl, les histoires prennent toujours un tour imprévu. Venu à l’écriture après avoir été pilote de chasse à la RAF, abattu pendant la guerre en Lybie, il expliquait être redevable de son imagination à ses multiples fractures du crâne ! On veut bien le croire : dès le moment où Charlie et son grand-père pénètrent dans l’usine, l’histoire vire au fantastique. Dahl n’a pas peur de la surenchère, qui nous fait naviguer dans des fleuves de chocolat et découvrir des machines extravagantes capables de fabriquer les abracadabrantes friandises créées par Mr. Wonka, inventeur frappadingue, galopant à la tête de ses invités dans le labyrinthe de ses ateliers où s’escrime une armée d’ouvriers lilliputiens, les Oompa-Loompas, importés d’Afrique. Mais si Charlie est un gentil petit garçon, les quatre autres gagnants sont d’affreux enfants gâtés, que Mr. Wonka fait disparaître l’un après l’autre de manière horrible, les punissant de leurs méchants travers. Et, bien sûr, Charlie, sera récompensé...
Conte moral alors ? Oui, mais tourné à la Roald Dahl, c’est-à-dire pas très bien élevé, effrayant souvent, voire violent, et en même temps à mourir de rire. Plume décoiffante, luxe de détails farfelus : le plaisir de lecture est assuré. Pas de doute, Charlie et la chocolaterie, publié en 1964, est aujourd’hui un classique. A consommer sans craindre la crise de foie.
Roald Dahl, Charlie et la chocolaterie (Charlie and the chocolate factory, traduit de l’anglais par Élisabeth Gaspar), illustrations de Quentin Blake, Folio Junior, 2005, 195 pages, 5,40 €
A partir de 9 ans
– Regards croisés : Charlie et la chocolaterie, le film de Tim Burton
– Regards croisés : Charlie et la chocolaterie, le film de Mel Stuart (1971)
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