Le 30 avril 2018
Un documentaire poignant sur la parentalité, sans aucun parti pris.
- Réalisateur : Edie Laconi
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Vendredi Distribution
- Durée : 1h38min
- Date de sortie : 9 mai 2018
- Festival : Cinéma du réel, Festival International du film d’éducation d’Evreux
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Résumé : Au titre de la protection de l’enfance, le centre parental accueille des mères et des pères pour lesquels être parent ne va pas de soi. Dans ce lieu où les sentiments et les émotions sont aiguisés, les frontières sont minces entre protection et contrainte, entre conseils et admonestations, entre réparation et séparation. Tandis que, non sans révolte, deux jeunes filles tentent d’apprendre à devenir mères, un couple consent à demander le placement de son enfant dans une famille d’accueil.
Notre avis : Deux jeunes mères dans un centre parental, un couple qui vient de réintégrer un appartement. Le documentaire resserre son propos autour de trois expériences, sans voix off, ni accompagnement musical, qui détournerait l’attention de ce qu’on voit ou induirait une lecture de ce que l’écran nous propose. Cette configuration permet au spectateur d’investir la complexité des situations proposées. ll ne s’agit pas de donner le beau rôle aux éducateurs ou aux personnes confrontées à la difficulté d’être parents, de sorte que le film instaure un équilibre entre plusieurs interprétations : oui, les encadrants ont raison de se soucier du bien-être des enfants, mis en danger par l’attitude d’adultes, dont on ne soulignera jamais assez les difficultés sociales. Oui, ces adultes ont raison de se révolter contre un cadre institutionnel qui se fonde sur des coercitions parfois drastiques et s’immiscent au coeur de la relation affective.
On est secoués par les réactions des uns et des autres. On a du mal à démêler le nœud d’impressions complexes qui jaillissent de ces formidables échanges, parfois âpres, cheminant vers la solution la plus convenable, dans l’intérêt des tout petits. Le documentaire tâtonne lui aussi au cœur de ces situations parfois déchirantes : la fragile Miléna rend les armes en apprenant une prochaine mesure de placement de ses enfants. Auparavant, elle aura lutté, avec ses mots, son passé douloureux, son sentiment que la route sera aussi longue que celle qui mène à son nouveau copain, placé en détention. Lydilie n’est pas en reste, le regard sombre, frondeur, multipliant les interactions maladroites avec son enfant, lors d’un entretien houleux. Cette femme qui soumet son bébé aux soubresauts d’une poussette dans les marches d’un escalier est la même qui explose dès lors qu’on envisage de lui retirer son enfant.
En contrepoint, le film évoque un jeune couple plus atone, même si le père, fataliste, espère que son enfant, placé en famille d’accueil, lui reviendra un jour et pourra l’appeler papa, tandis que la mère demeure en retrait, quasi muette. Les plans séquences la saisissent dans l’encadrement d’une porte et nous saisissent dans leur plus intransigeante vérité. Quel est son passé ? De quel accablement ce corps au ralenti est-il le nom ? Parce qu’au-delà des expériences individuelles, ce sont des réalités sociales qui nous explosent à la figure où s’entremêlent les violences conjugales, l’exclusion, le chômage, les problèmes de drogue. Si le portrait des jeunes femmes est celui de personnages formidablement romanesques et attachants, il est aussi celui d’une époque où la misère explique ces situations radicales.
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