A en mourir
Le 18 août 2021
Le réalisateur israélien Yaron Shani présente un diptyque nerveux, qui permet de découvrir le point de vue masculin, puis féminin, sur les quelques jours qui ont conduit un couple heureux à imploser.
- Réalisateur : Yaron Shani
- Acteurs : Eran Naim, Stav Almagor, Stav Patai
- Genre : Drame
- Nationalité : Israélien, Allemand
- Distributeur : Art House Films
- Durée : 1h52min
- Date télé : 18 août 2021 20:40
- Chaîne : OCS City
- Titre original : Eynayim Sheli
- Date de sortie : 8 juillet 2020
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Résumé : Flic consciencieux et expérimenté, Rashi fait l’objet d’une enquête interne de la police de Tel-Aviv. Alors qu’il est mis à pied, son équilibre familial vacille : son couple avec Avigail, sa relation avec sa belle-fille... S’il veut reprendre sa vie en mains, Rashi va devoir se confronter à lui-même et réapprendre ce qu’est un homme, aujourd’hui.
Critique : C’est en 2009 que Yaron Shani est devenu l’un des phares du cinéma israélien. En coréalisant Ajami avec Scandar Copti, le cinéaste, né en 1973 et diplômé du département de cinéma de l’Université de Tel-Aviv, a tout de suite décelé le génie créatif chez cet adepte de l’expérimentation. Shani convie souvent des acteurs non professionnels à participer à ses projets, il a aussi montré qu’il souhaitait s’attarder sur des instants de vie.
Nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs et lauréat du prix Caméra d’Or - Mention spéciale, Ajami n’était que le point de départ d’une carrière qui s’annonce solide pour Yaron Shani, lequel a mûri son nouveau film pendant une dizaine d’années.
C’est donc avec un diptyque puissant, nerveux, jouant sans cesse avec le public, mélangeant volontairement la fiction et la réalité, que le metteur en scène revient sur grand écran. La fresque éprouvante est portée par des acteurs choisis pour leur grande proximité avec les personnages qu’ils incarnent. Avoir vécu des épreuves proches de celles du film était en effet la condition sine qua non de leur participation.
- Copyright Nizan Lotem & Shai Skiff
Le diptyque est ainsi composé de Chained, qui sera suivi de Beloved ; les deux films fonctionnent ensemble, en donnant le point de vue de monsieur, puis celui de madame, au sein d’un couple semble-t-il heureux qui, en à peine quelques jours, plonge dans la crise. Le premier volet suit ainsi Rashi, policier, homme marié qui souhaite devenir père et élève, avec son épouse, une belle-fille adolescente. Confronté à la violence du quotidien, voyant tous les jours des parents détruire leurs enfants alors qu’il ne parvient pas à en avoir un, Rashi va peu à peu perdre son travail, sa réputation et finalement, son épouse bien-aimée.
- Copyright Nizan Lotem & Shai Skiff
S’il est vrai que deux témoins d’une même scène n’auront jamais la même vision de ce qu’il s’est passé, il est tout autant reconnu qu’un homme, une femme, au sein du couple, au travail ou ailleurs, n’auront pas la même perception d’une situation. Chained est ici l’occasion de s’attarder sur les pensées d’un homme qui, en tant que gardien de la paix, comprend toutes les menaces qui peuvent peser sur une jeune fille et reporte sa paranoïa, fruit d’années de travail en tant que témoin du pire, sur une famille qu’il pense épanouie. Son point de vue étant le point de départ de tout le scénario, sa vision est forcément sympathique envers lui-même, au point que le film le présente comme un mari aimant, un père attentif et un policier impliqué, alors qu’il ne l’est peut-être pas.
La nuance et la critique sont ici bien délicates, car ce serait trahir les pensées d’un individu masculin que le cinéaste ne présente pas comme parfait, mais comme une personne qui estime agir forcément comme il le faudrait.
- Copyright Nizan Lotem & Shai Skiff
Si le rythme trop lent rend l’action encore plus pesante, ce drame familial est malgré tout un crève-cœur, qui ne cache pas la difficulté de vivre dans une société où la violence est reine et où il est bien difficile de s’en protéger.
Chained dépeint ainsi une lente et inexorable descente aux enfers ; Beloved, qui apportera le point de vue féminin sur ce couple d’apparence solide, devrait en donner une vision bien différente.
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