Stationnement gênant
Le 10 février 2013
L’actrice française Anne Le Ny explore les thèmes de l’amour, de la mort, et de la maladie à travers les salles d’attente d’un hôpital, dans un premier long touchant et modeste.


- Réalisateur : Anne Le Ny
- Acteurs : Emmanuelle Devos, Vincent Lindon, Yeelem Japain
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 29 août 2007
- Plus d'informations : Le site officiel du film
– Durée : 1h34mn
L’actrice française Anne Le Ny explore les thèmes de l’amour, de la mort, et de la maladie à travers les salles d’attente d’un hôpital, dans un premier long touchant et modeste.
L’argument : Bertrand et Lorraine sont ceux qui restent... Ils sont ceux qui arpentent les couloirs en se posant des questions interdites, se font repérer au kiosque à journaux, parlent trop fort à la cafétéria, et vont fumer en cachette sur le toit de cet hôpital où leurs conjoints se font soigner. Car pour supporter la culpabilité d’être bien vivants, Bertrand et Lorraine ont décidé de s’aider à vivre, à rire et à continuer d’aimer.
Notre avis : Ceux qui restent est une histoire de bas-cotés. Les bas-cotés d’un hôpital et de son service de cancérologie accueillant trop régulièrement les visites de Bertrand, qui y fera la connaissance d’une autre visiteuse, Lorraine. C’est exclusivement chez ces laissés-pour-compte que se jouera la trame d’Anne Le Ny, qui prendra le parti de ne jamais montrer les malades. Une histoire de souffrance particulière donc puisque véhiculée par celle de proches dont l’absence pèse autant que la présence.
Vincent Lindon et Emmanuelle Devos, illégitimes, hantent ici un couloir de la mort par devoir moral. Modestes innocents culpabilisant d’être vivants. Mais comment justifier ce statut ? Peut-être justement en commettant le péché de vivre, encore.
Dans cet hôpital, nos deux personnages se croisent, s’effleurent, mendient le regard de l’autre sans l’oser. Puis se touchent, se heurtent, disparaissent, et reviennent, inlassablement. C’est la valse du drame, pas celle de l’amour. Ici les pas de l’autre guident, ses mains retiennent la chute, c’est tout.
Les tâtonnements de ces deux humains qui osent s’accrocher à la vie, ne peuvent qu’émouvoir, sous une caméra modeste, celle d’Anne Le Ny, qui choisit régulièrement d’offrir à ses personnages des plans pudiques, épurés, éclairés, mais aussi ornés de flous protecteurs et de vitres qui dissimulent.
Mais ce premier plan composé des tourments de Lorraine et de Bertrand est parrainé, tout en contraste, par un second plan plus doux. Nous y découvrons enfin les personnages secondaires, la famille de Bertrand, qui lui fait si cruellement défaut. La mise en avant de ces proches fait office de sas de décompression, d’interlude entre deux visites à l’hôpital. Mais hélas, si l’intention est bonne, elle offre des scènes souvent inégales aux procédés comiques qui font rarement mouches. De ces moments nous ne retiendrons que la jeune Yeelem Japain, jouant avec justesse une belle fille bien seule, dans un foyer qu’elle ne peut reconnaître comme sien en l’absence de sa mère.
Si la vacuité des enjeux scénaristiques de ces scènes sparadrap les réduiront trop souvent à un rôle de salle d’attente, elles n’éclipseront pas pour autant le centre de ce drame. Un drame humain, modeste et courageux, capable de dispenser un regard lucide sur ce qu’il est : une histoire d’entraide affective douce amère, pas une histoire d’amour.
Norman06 27 avril 2009
Ceux qui restent - la critique
Un ton juste et une sensibilité sans sensiblerie pour ce premier film prometteur. Classique sans être académique, le style de Anne Le Ny est dans la lignée d’un Sautet. D’un récit qui aurait pu être sordide, elle tire une œuvre forte et en même temps légère, portée par deux acteurs à leur meilleur. Une agréable surprise.