La paranoïa du poil après le rasage
Le 11 mars 2010
La moustache ou comment nourrir une intrigue "lynchienne" à partir d’un des mots les plus laids de la langue française ! Emmanuel Carrère réussit son pari et nous livre un thriller existentiel intrigant, faute d’être totalement abouti.


- Réalisateur : Emmanuel Carrère
- Acteurs : Emmanuelle Devos, Vincent Lindon, Mathieu Amalric, Hippolyte Girardot, Cylia Malki
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 6 juillet 2005
- Festival : Festival de Cannes 2005

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Résumé : En rasant sa moustache, Marc ne s’attendait pas à ce que sa vie bascule dans l’irrationnel et la paranoïa. Personne ne remarque en effet de changement physique, et pour cause, tout le monde autour de lui prétend qu’il n’a jamais porté de moustache. Conspiration ou basculement dans la folie ? Marc devra fuir, pour mieux espérer retrouver la raison.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : On les attendait avec impatience, les bonus de ce film, afin de trouver un élément de réponse au mystère mis en scène par Emmanuel Carrère. Ce sera malheureusement pour une prochaine édition... Malgré un making of et un entretien de vingt minutes chacun, la dérive du personnage de Vincent Lindon reste toujours aussi obscure. Dans le premier, Emmanuelle Devos avoue n’avoir "rien compris à cette histoire de moustache" et a préféré "se consacrer à l’histoire d’amour du couple". Idem pour Lindon qui considère le réalisateur "aussi opaque, aussi secret, aussi froid et aussi chaleureux que son film". Complètement largué à plusieurs reprises, l’acteur admet que Carrère s’en est servi pour nourrir son film ("Il a voulu perdre le spectateur et il a bien réussi !"). Enfin, on relèvera, toujours dans ce making of, cet embryon d’explication par l’auteur-réalisateur lui-même : "Ça raconte l’histoire d’un couple très fusionnel, qui à la fin ne l’est plus ; chacun sait qu’il est seul et par conséquent aide l’autre. Échapper à la fusion, être en couple en sachant que l’autre c’est l’autre, c’est quand même un progrès." Sans commentaires... L’entretien qui réunit Carrère et sa monteuse Camille Cotte est tout aussi désespérant ; c’est captivant de connaître leur mode de fonctionnement, mais on n’y comprend toujours rien. A l’issue de cette discussion, on est sûr cependant d’une chose, le réalisateur ne livrera jamais son secret : "Aussi bien pour le livre que pour ce film, l’unique moteur qui me permet de raconter cette histoire, c’est de n’avoir pas de réponse à tout ça. Si j’en avais une, il y a plus d’histoire !"
Image & son : Édition très élégante pour un film qui ne l’est pas moins. Glacée à souhait, la photographie du film à sa sortie en salle est parfaitement respectée dans la partie parisienne, avant de connaître un regain de chaleur dans ses couleurs à Hong Kong. La définition, quant à elle, est d’une remarquable précision. Le son remplit son rôle, qu’il s’agisse du Dolby Digital 5.1 ou de la Stéréo : clarté, aucun souffle, une musique aérienne.