Le torrent - Anne Le Ny - critique

Critique : Dans le cadre silencieux, presque sépulcral des Vosges, Anne Le Ny choisit de placer une intrigue qui verra s’affronter la quête de la vérité à celle de la stabilité de la cellule familiale. Tous les éléments du polar sont convoqués, de la photo aux teintes sombres aux mines fermées, en passant par l’enquête truffée de faux-semblants. Avec une relative réussite, Anne Le Ny parvient à manier l’ensemble pour diriger notre intérêt vers l’intime, le cœur des personnages.

En jouant efficacement de l’intemporel ressort de l’injustice, du mensonge qui plonge le personnage, pourtant de bonne foi, vers ses propres tréfonds, le film suscite un mystère et un intérêt constants. À chaque étape, alors que le spectateur en sait plus que les personnages, Le torrent développe conjointement l’aspect ludique de l’enquête et un vrai suspense.

Pour que l’affaire fonctionne, il fallait bien un casting concerné et appliqué. Chef de file, José Garcia convainc plutôt en père de famille désabusé. Quelques dialogues un brin patauds l’écartent du droit chemin, mais le charme ne rompt pas. En face de lui, Dussollier est implacable, et la jeune Capucine Valmary a les épaules pour tenir le cœur émotionnel du film.

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Tout au long de celui-ci, Anne le Ny creuse la pertinence de faire triompher la vérité, alors que celle-ci compromet clairement le bien-être de Lison et son petit frère Darius. Elle fait le choix pertinent de découpler le personnage principal de l’intrigue et celui qui est au cœur des enjeux. En effet, c’est bien Alexandre qui est premier moteur du récit, par ses choix, et surtout ses erreurs. Mais le véhicule de l’émotion qui attache le spectateur au Torrent est bien Lison, laquelle, si elle active, subit les conséquences des actions de son père, et nous accroche au récit. Le premier suspense du Torrent est bien entendu de savoir si Alexandre va se dépêtrer de l’inextricable situation qu’il a lui-même créée. Cependant, le grand enjeu est bien celui de la construction de la jeune femme qu’est Lison, dans un noyau familial définitivement éclaté.

Finalement, si le déroulé du scénario est parfois trop mécanique, voire un peu trivial, le juste développement des personnages fait du Torrent un plaisir.