Calculs meurtriers - la critique

Un thriller universitaire laborieux qui ne s’écarte pas une seconde des sentiers battus.

L’argument : Le corps d’une jeune femme est retrouvé au fond d’un fossé, dans les bois de San Benito, une petite bourgade située sur la côte californienne. L’inspecteur Cassie Mayweather, vétéran de la police criminelle, et son nouveau coéquipier, Sam Kennedy, sont chargés de l’enquête.

Notre avis : Cinéaste international et hétéroclite, Barbet Schroeder (Le Mystère von Bülow, L’Enjeu) se distingue par son penchant à alterner productions indépendantes et films à gros budget. C’est donc deux ans après le convaincant La vierge des tueurs qu’est présenté hors compétition Calculs meurtriers, à la cinquante-cinquième édition du festival de Cannes.
Produit par Sandra Bullock (Entre deux rives, La Proposition), le long-métrage s’inspire de l’affaire « Leopold et Loeb », deux adolescents ayant abattu un enfant pour la seule beauté du geste. Remake officieux de La corde d’Hitchcock, Calculs meurtriers s’attarde sur la psychologie viciée des criminels et endosse la prestance d’un film à suspens sombre et tourmenté.

Avec une fascination presque dérangeante, Barbet Schroeder gorge ce thriller de perceptibles clichés et de considérations simplistes sur la vie et la mort. Si les premières scènes du film laissent à espérer le récit d’une obscure machination cabalistique, le spectateur est vite détrompé ; Calculs meurtriers respecte à la lettre presque tous les dogmes du polar. Le long-métrage s’asphyxie sous un scénario par trop rigoureux dédaignant tout revers de fortune, qui aurait pu se révéler salvateur.
La seule authentique réussite de Calculs Meurtriers réside incontestablement dans le tandem malfaisant composé par Ryan Gosling (N’oublie jamais, Drive) et Michael Pitt (Last Days, Funny Games U.S). Le charisme magnétique exercé par les deux comédiens est délicieusement retors, à la limite même de la perversion. L’attraction trouble qui les lie, et qu’ils exhalent à la fois, leur permet de sublimer leur relation à l’écran, flirtant avec le sadomasochisme et l’incertitude. Sandra Bullock même, trouvera dans le rôle de Cassie Mayweather, l’inspecteur de police criminelle, de quoi rafraîchir une filmographie peu convaincante par ailleurs.

La réalisation sobre de Barbet Schroeder, qui aurait pu prouver son efficacité, est gauchement desservie par l’emploi de flash-backs à répétition. Le long-métrage déjà bancal vacille finalement sous le poids d’un final hollywoodien qui finit de le discréditer. Même les compositions de l’émérite Clint Mansell (Requiem for a dream, Moon) passent inaperçues tout au long du film. Si Calculs meurtriers ne révolutionnera certainement pas le genre du thriller, il n’en reste pas moins une série B distrayante. A réserver néanmoins aux spectateurs les moins exigeants !