Elle est pas belle, la vie ?
Le 26 mars 2003
Confidences pudiques et hommage à la littérature.
- Auteur : Jean d’Ormesson
- Editeur : Gallimard
- Genre : Roman & fiction, Littérature blanche
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Dans son dernier ouvrage guidé par des confidences pudiques, Jean d’Ormesson fait plus que se livrer : il rend hommage à son amour de toujours, la littérature.
Notre avis : Jean d’Ormesson connaît le succès littéraire avec C’était bien, tiré à plus de 100 000 exemplaires. Féru d’histoire et passionné de la vie autant que celle-ci lui épargna les avatars de la nécessité - lui qui est issu d’une famille aisée de conseillers d’Etat et de diplomates - c’est avec la vivacité et l’allégresse ironique du chroniqueur que d’Ormesson signe ce livre. Au rythme de chapitres courts où le superflu s’efface devant l’essentiel, entraîné par un phrasé alerte, l’ancien directeur du Figaro amène le lecteur dans la confidence de ce qu’il fut et de ce qu’il est, seul, avec ses parents et avec les autres. Il se dévoile enfant rêveur d’aventure et épris de littérature ; adolescent non moins coureur de mot ; adulte toujours uni à un livre ou plusieurs comme un amant se nourrit d’un idéal amoureux en se délectant du fruit d’un être absolu ou de mille maîtresses. Mais c’est aussi la révélation d’un intellectuel habité par trois sentiments principaux : la stupeur devant l’Univers, l’effroi devant l’Histoire et la ferveur de la vie.
Alors quoi, ce livre est-il une confession intimiste ? Il le pourrait si le regard de d’Ormesson sur sa vie et sur son monde n’était empreint de retenue. Ce livre est-il un testament littéraire alors ? Il le pourrait s’il était le dernier et c’est peut-être dans cette optique que l’auteur avait pensé l’intituler "Adieu". Mais tout à la fois présumant et espérant que deux ou trois autres suivraient, il a renoncé à ce titre. Et le titre d’ailleurs, comment doit-on le lire ? C’était bien..., c’était bien ! ou c’était bien ? Un peu des trois certainement, ce que résume l’absence de ponctuation. Et puis, qu’est-ce qui était bien ? Le passé bien entendu : nostalgie de celui qui aime les bains de mer, les femmes, les livres.
Au final, ce livre est le spectre sculpté dans l’humilité parfois agaçante, toujours éloquente d’une admiration pour les hommes de lettres, d’un d’Ormesson aux prises avec le questionnement de son existence noyée dans l’immensité du temps, de l’espace, de la grandeur ou de la bassesse humaine. Les chapitres sur la science, la philosophie, la mort, le bonheur, l’amour, ont la justesse de la réflexion sans avoir l’audace de la nouveauté qui trouve, en revanche, une bien belle expression dans la passion que voue l’auteur pour la littérature, "lieu par excellence où ce qui était dit le cédait en importance à la façon de le dire".
Jean d’Ormesson, C’était bien, Gallimard, 2003, 252 pages, 16 €
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