Un pont entre les étoiles . T.1 - La chronique BD

De notre point de vue d’européen, les tensions anciennes entre français et allemands, français et anglais ou n’importe quel autre peuple ne peut réellement vous faire entrevoir le climat qui a longtemps régné entre Chinois et Japonais. Avant la Seconde Guerre mondiale et ses massacres de masse, les Japonais sont déjà bien implantés sur le continent, et c’est donc sur fond historique très sérieux et documenté qui se joue une histoire d’enfants, pleine de vives émotions et de petits émois. On ne sait si les pérégrinations dans les rues de la ville sont un prétexte à leurs aventures ou à une reconstitution d’une époque, tant l’ensemble paraît porter davantage qu’une gentille morale et une narration à la Dickens. De fait, la communication entre deux enfants, les petites habitudes d’expatriés des années 1930, le fossé culturel et social, tout cela est parfaitement imbriqué et se lit non comme un documentaire ou une histoire pour enfants, mais comme un savant mélange des deux.

© Akata Seikan Bridge 2016 Kyukkyupon / Shogakukan

On est dans un cadre encore une fois très précis et touchant à la fois, où les personnages évoluent. Bâtiments d’époque, rues poussiéreuses, villas coloniales, le décor est somptueux de réalisme, mais les mimiques, bêtises et grimaces enfantines ne sont pas absentes. L’environnement est sérieux, les frasques peuvent l’être également, mais ce qui se dégage avant tout, c’est une bonne humeur et une candeur, à défaut de fraîcheur, dans le dessin, comme un crayonné qui rendrait nostalgique.

© Akata Seikan Bridge 2016 Kyukkyupon / Shogakukan

Un pont entre les étoiles jette une métaphore entre deux pays d’une manière inédite, petite escapade historique qui emporte avec elle le lecteur dans une Shanghaï plus vraie que nature, et aux basques de garnements adorables.