Le 21 juin 2019


- Dessinateur : David Lapham
- Collection : Contrebande
- Genre : Thriller, Policier
- Editeur : Delcourt
- Famille : Comics
- Date de sortie : 10 avril 2019
- Durée : T.1
Quand le sordide rencontre le pathétique, cela donne du crime lâche et sale.
Résumé : Sur une route pommée, dans les années 1990, Frank et Joey sont chargés de faire disparaître un cadavre pour un mafieux local. Tout doit et va mal tourner. Et si les réponses, les origines se situaient vingt ans en arrière ? Et si, comme les États-Unis le permettent, on pouvait recommencer ailleurs, ne serait-on pas rattrapé quoiqu’il arrive par notre passé ?
Sorte de Pulp Fiction sans chronologie exacte, sans lieu précis, Stray Bullets s’est imposé comme une référence du mi-polar, mi-thriller noir par excellence, suivant les destins d’électrons libres, révoltés, pommés ou nuisibles gravitant autour d’un noyau pourri. Il ne faut pas voir une morale déguisée ou un but narratif en soi dans les exactions ou les exploits que chacun fait le choix ou non de faire. Il ne faut pas chercher à voir le pourcentage de réussite, ou encore calculer la dimension d’empathie que chacun peut avoir à disposition. Non, pour lire Stray Bullets, il faut se laisser porter, par une eau noire et un courant lent, qui a parfois quelques tourbillons violents, comme des cassures à la surface, des vies rayées et des peaux écorchées. Et, pourtant, on se laisse parfois à un sourire, lorsqu’un baiser volé est plus émouvant que ceux des comédies romantiques, ou qu’un personnage laisse apparaître une vulnérabilité compréhensible, tandis qu’un autre fera un trait d’humour bienvenu. C’est toute l’ambivalence de ce concentré sordide qui peut avoir quelques lueurs.
David Lapham / Delcourt
L’ensemble, graphiquement, tient non seulement la route, mais il y a un trait qui a tendance à s’affiner, avec des lieux miteux, des voitures et des mines usées qui mettent mal à l’aise tant ils font authentiques. Malgré le noir et blanc, tout se met en place sans se superposer sur un fond uniforme, et les chapitres souvent éloignés les uns des autres en terme de figures et de décors, vont peu à peu acquérir une harmonie que l’on veut toujours davantage, comme une drogue malsaine évoquée longuement dans l’oeuvre.
David Lapham / Delcourt
Loin d’être délicat, c’est par sa brutalité ouverte et son sens du hasard malchanceux que se distingue Stray Bullets, avec un premier tome déjà imposant et qui ne rassasie pas totalement le lecteur, qui voudra plus que cette première dose de papier contrasté.
466 pages - 34,95€