Distrayant, presque passionnant
Le 27 octobre 2020
Un ouvrage très référencé et distrayant, qui se picore plus qu’il ne se dévore.
- Auteur : Claude Gaillard
- Editeur : Omaké Books
- Genre : Cinéma
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 22 octobre 2020
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Critique : Claude Gaillard, auteur de plusieurs ouvrages sur le cinéma et la pop culture - Dans l’enfer vert de Rambosploitation, Retour vers les futurs, Bad Requins, etc. - nous propose une anthologie de la contrefaçon au cinéma. Vaste sujet. Tout du moins sur le papier, ou devant le clavier du Mac (ou PC), avant de s’y attaquer.
On rappelle que la contrefaçon est quasi ontologique au cinéma dès sa préhistoire, par le piratage de brevets auquel se sont livrés ses divers inventeurs, comme Georges Demenÿ, qui dépose en 1892 celui de la came excentrée pour son chronophotographe, alors qu’il l’a positivement pompée dans les travaux et appareils de son ancien patron, Étienne-Jules Marey ; ou le procès qui opposera Méliès à Edison, ce dernier l’accusant d’avoir copié les perforations de son format 35 mm. Et Méliès, piraté à son tour, puisque des copies de son Voyage dans la Lune (1902), seront largement dupliquées dans le monde par des forains et exploitants peu scrupuleux, sans qu’il touche un centime.
Si l’auteur évoque ces pratiques aussi vieilles que les premières bobines des frères Lumière, en citant rapidement le cas Nosferatu de Murnau (1922) joyeusement pompé du Dracula de Bram Stoker qui vaudra un procès fatal à son producteur, Prana (*), son ouvrage adopte un point de vue plus serré dans le temps (essentiellement à partir des années 60/70 à nos jours) sur les films de genre, sagas et autres grands succès populaires. Point de vue parfaitement compréhensible, car il est certain que pour un producteur margoulin indien, brésilien ou turc, et aussi tout bonnement aux États-Unis ou en Europe, il sera bien plus juteux de faire une copie ou un remake foireux d’un Rambo, James Bond, Star Wars, Terminator, Dents de la mer ou plus récemment d’un Harry Potter, que d’un film d’auteur sur la condition rurale au Pakistan. Et quand bien même sa distribution se fera essentiellement en cinéma de quartier, VHS louée en vidéo club ou DVD vendus sur des marchés. Il lui suffira de pondre une jaquette avec les mêmes codes visuels que l’original et un titre laissant entendre que c’est une suite ou autre préquel, ou mieux la « version intégrale ».
Claude Gaillard déroule ainsi un catalogue de cette véritable (contre) culture de la contrefaçon, en en démontant tous les procédés pour attraper le gogo ou le cinéphile amateur du genre : titres détournés, castings improbables de clones de star (John Travolto, Bruce Li ou Le) ou mieux, tant qu’à faire, avec frère et fils (Frank Stallone et Christopher Mitchum), inventer une sœur (ou cousine ?) de super-héros cachée (Batwoman), des adaptations douteuses et autres embrouilles, qu’elles soient habiles ou subtiles comme un semi-remorque. Sans oublier les vrais faux dessins animés (là, chapeau, il faut oser !) et vols caractérisés, avec reprises pures et simples de séquences originales, dans des montages ni faits ni à faire.
- Copyright Omaké Books
- Luke, eu sou seu pai…
Si, indiscutablement, l’auteur démontre un véritable savoir encyclopédique sur ce cinéma « de genre de genre », pourrions-nous dire, en proposant un ouvrage richement inventorié et illustré (certaines images extraites de ces chefs-d’œuvre bien trop méconnus, affiches, jaquettes de VHS ou DVD valent le détour), il finit hélas par un peu tourner en boucle. Les recettes de ces mauvais faussaires du cinéma étant vite mises à jour, la répétition de l’exercice par le prisme d’une vingtaine de catégories, avec parfois des sous-sections, fait perdre au fil des pages la saveur initiale de l’entreprise, et le ton humoristique s’émousse progressivement.
Cette anthologie, qui s’avère plus être un catalogue exotique de films, où se côtoient nanars inimaginables et pépites, est à déguster comme la boite de chocolats de Forrest Gump : on ne sait pas sur quoi on va tomber. Autrement dit, un ouvrage surtout distrayant, mais plus à picorer qu’à dévorer.
(*) Avec, en plus, condamnation à la destruction des négatifs et toutes les copies ; enfin, Dieu merci, pas toutes… - NDLR
192 pages
14,8x21 cm
Prix public : 19,90 €
Disponible Fnac, Amazon, etc.
- Copyright Omaké Books
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