Le mari, la femme, la maîtresse
Le 18 janvier 2006
Pour son troisième passage derrière la caméra, Michel Piccoli signe une fable crue et grinçante.
- Réalisateur : Michel Piccoli
- Acteurs : Roger Jendly, Michèle Gleizer, Elisabeth Margoni
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
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– Durée : 1h15mn
Pour son troisième passage derrière la caméra, Michel Piccoli signe une fable crue et grinçante.
L’argument : L’homme, âgé d’une soixantaine d’années, a une femme et une maîtresse. Il se balade d’appartement en appartement, tout en passant par son club de temps à autre. Une fois par semaine, il emmène son petit-fils aux marionnettes qui racontent l’histoire de l’homme qui avait une femme et une maîtresse. Où trouver son bonheur dans ce charivari bien ordonné ? Dans le quotidien connu d’avance ou dans les débordements d’une femme rousse et pulpeuse, tout aussi prévisibles ?
Notre avis :
"Vous voyez en moi le plus malheureux des hommes. Parce que j’ai deux épouses : la première épouse et la seconde épouse." Voilà la fable que racontait Jules à Catherine dans Jules et Jim. Mais lorsque l’homme se joue en plus la comédie du bonheur, la chute risque d’être d’autant plus tragique. Elle le sera. Lion pour l’une, vieux singe faisant des grimaces pour l’autre, qui est-il vraiment, cet homme mi-pantin mi-vieillard ? En a-t-il lui-même idée et, plutôt que de se poser des questions inutiles, ne vaut-il pas mieux s’allonger face à la mer et regarder les jolies filles, qu’elles soient femme ou maîtresse ?
C’est d’abord par ses personnages que vit le film de Michel Piccoli. Des personnages qu’on a l’impression d’avoir déjà croisés dans la filmographie de l’acteur-réalisateur : ainsi de la maîtresse qui rappelle André Ferréol, ou du "monsieur" qui, par moments, semble un double de Piccoli lui-même. Les acteurs excellent à retranscrire le mélange de loufoquerie et de drame qui imprègne le film comme toute farce un tant soit peu sérieuse.
On peut avoir du mal à entrer dans le rythme du film, très saccadé, dont les scènes ultra-courtes se succèdent et forment comme une sorte de ronde trop bien huilée pour ne pas s’enrayer à un moment ou l’autre. Le film, très léché, ne laisse au premier abord que peu passer de sentiments, si ce n’est dans l’heureuse utilisation de la chanson d’Arno ou dans les images de la mer, les seules ou presque qui donnent une réelle impression d’extérieur (les rues ressemblent, pour leur part, davantage à un décor de théâtre ou de marionnettes), c’est-à-dire finalement là où les personnages ne constituent plus le premier plan.
Dans ce théâtre, émaillé de bonnes trouvailles, souvent délirantes (une robe au motif du papier peint de l’appartement, une bande son très travaillée et souvent en décalage avec l’image ou la logique), on étouffe, on rit et on pleure, et l’on se sent délivré lorsque tombe le couperet, dehors, en plein soleil. La sensation de malaise sans cesse le dispute à l’engoncement confortable dans ce monde en huis clos.
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