L’âge des savoirs
Le 2 octobre 2011
Portrait d’un adolescent livré à lui-même, C’est ici que je vis dresse un constat social d’une banlieue espagnole sans fausse pudeur ni apitoiement.
- Réalisateur : Marc Recha
- Acteurs : Eduardo Noriega, Sergi López, Eulalia Ramon , Pere Subirana , Marc Soto
- Genre : Drame
- Nationalité : Espagnol
- Date de sortie : 10 février 2010
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– Durée : 1h32mn
– Titre original : Petit Indi
Portrait d’un adolescent livré à lui-même, C’est ici que je vis dresse un constat social d’une banlieue espagnole sans fausse pudeur ni apitoiement.
L’arugment : Arnau a 17 ans. Sa mère est en prison, il ne comprend pas bien pourquoi et ne rêve que de l’en faire sortir. Mais pour cela il faudrait un bon avocat, donc de l’argent et ça, Arnau n’en a pas, pas plus que sa soeur, son frère ou son oncle.
Arnau a une passion, les concours d’oiseaux chanteurs. Il en élève plusieurs qui sont un peu ses seuls amis.
Quand son oiseau favori devient le champion de Catalogne et que son oncle lui apprend qu’on peut gagner beaucoup d’argent aux courses de lévriers, Arnau va alors rêver à un avenir meilleur...
Notre avis : En espagnol, le nouveau long-métrage de Marc Recha (Pau et son frère, Jours d’août) est intitulé Petit Indi (du nom d’un oiseau). Mais le titre français, C’est ici que je vis, sonne juste, très juste, voir plus juste que l’espagnol car si le héros consacre la majeure partie de son temps à s’occuper d’oiseaux qu’il adopte, il n’en reste pas moins vrai que le cinéaste concentre toute son attention sur le mode de vie d’Arnau - le personnage principal - et de sa famille. Les oiseaux ne sont qu’un prétexte pour témoigner de la vie quotidienne et rurale d’une famille modeste en banlieue de Barcelone.
- © Ad Vitam
Arnau a une obsession : retrouver sa mère, lui offrir un procès équitable (autrement dit, un avocat) et la sortir de prison. Pour cela, il est prêt à tout donner, sacrifier, offrir. Il est question d’offrandes et de dons dans C’est ici que je vis. D’abord, la sœur d’Arnau qui laisse de côté ses ambitions et surtout son bien-être pour proposer la meilleure vie possible et la sécurité à ses deux frères (dont l’aîné se laisse vivre et refuse de s’impliquer dans l’éducation du cadet). Le partage, l’altruisme, la découverte de l’ailleurs - limité car voyager est un luxe que ne peuvent se permettre les personnages de Marc Recha - sont des leitmotivs qui guident le héros. Il donne ainsi le maximum du réconfort et des soins aux animaux (un renard mal en point et ses oiseaux) dont il s’occupe. Cette rencontre avec la nature est source d’apaisement pour le jeune homme ; il se crée un but, une raison de tenir et de vivre.
- © Ad Vitam
Arnau ne peut compter sur l’école pour lui offrir des alternatives, un avenir. Il l’a probablement déjà quittée ; il passe son temps à errer puisque trop jeune pour exercer un travail salarié. L’éducation n’est pas une priorité dans son quartier ; la médiathèque est vide en permanence. Ne pouvant compter que sur lui pour avancer et progresser, il doit comprendre et découvrir le monde sans garde-fou. Paradoxalement, c’est dans la solitude et l’introspection qu’il perçoit la réalité qui l’entoure, qu’il discerne que l’isolement fait partie du quotidien. De son quotidien. Et qu’il doit vivre avec.
- © Ad Vitam
Au cours d’un concours de chants d’oiseaux, des marionnettes géantes tournent et déambulent en haut d’une colline. Elles veillent et se moquent. Sont-elles des anges gardiens ? Des incarnations du hasard ? Arnau a déjà quelqu’un qui veille, de loin, mais bien présent : son oncle qui ne cache pas sa fierté lorsque son neveu vient le rejoindre aux courses. L’homme ne culpabilise pas de gagner sa vie en jouant. Le fatum justement est de son côté et il en profite. Pas un seul instant, la caméra de Marc Recha ne juge ; les personnages font ce qu’ils peuvent pour vivre et s’en sortir. Il n’y a ni Bien ni Mal, juste le réel.
C’est ici que je vis ne peut proposer de fin. Rien ne change vraiment, il n’y a pas toujours, pas nécessairement de happy-end au quotidien. Marc Recha, lui préfère les panoramiques : le personnage avance, se fond peu à peu dans le paysage, suivant le chemin qu’il se trace.
- © Ad Vitam
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