Bubba Ho-tep - la critique

Un des films les plus barges de l’année débarque en France. Rires, émotion et suspense garantis.

L’argument : Une momie ressuscitée et de gros cafards menacent la maison de retraite de Mud Creek. Deux handicapés qui se prennent pour le King et J.F. Kennedy, en mal d’aventure et de respect, décident de mettre fin aux crimes et de sauver leur âme et celle des autres pensionnaires.

Notre avis : Déjà classé film culte aux Etats-Unis où il est sorti en 2003, et déjà très remarqué à travers le monde dans de nombreux festivals, le petit bijou de Don Coscarelli, Bubba Ho-tep, arrive enfin sur nos écrans. Sa notoriété et sa floraison de récompenses sont d’autant plus méritées que le film indépendant a été réalisé avec un petit budget et tourné en six semaines seulement. Un procédé qui réussit décidément au réalisateur prodige [1] et qui va lui permettre de tourner bientôt une suite intitulée Bubba Nosferatu. Imaginez l’excellent Bruce Campbell incarnant le mythique Elvis Presley - plus vrai que nature -, et le non moins excellent Ossie Davis, hélas disparu en février 2005, dans la peau noire de J.F. Kennedy, cow-boys éclopés d’un nouveau genre partant en chasse contre une momie ressuscitée dans une maison de retraite perdue au fin fond du Texas, celle de Mud Creek. Mud comme mouillé, collant, poisseux. Creek comme ruisseau, mais aussi pétrin, celui dans lequel on se fourre. Bubba Ho-tep déclenche l’hilarité du public et allie finement les genres. Sous couvert d’une comédie fantastique, genre déjà osé en soi, le film dévoile de multiples facettes finement ficelées.

Parodie de western avec nos deux compères arpentant les couloirs comme ils affronteraient la poussière du désert. Parodie de film d’horreur où les cafards sévissent la nuit et injectent à leurs victimes un liquide visqueux verdâtre dégoûtant à souhait et où la momie aspire le suc vital de ses victimes par leur orifice rectal. Mais aussi caricature cinglante des relations humaines et profonde réflexion sur la vie. Infantilisés et traités de manière avilissante, les pensionnaires de Mud Creek sont en mal de respect, de maîtrise d’eux-mêmes et de vie sociale. Un exemple, celui de l’infirmière de Sebastian Haff, alias le King, délicieuse Ella Joyce dans le rôle de la nurse maternelle, perfide et perverse. Les soins qu’elle prodigue à son chouchou atteint d’une excroissance phallique frôlent la relation sexuelle teintée de sado-masochisme. Regards de biche, réprimandes faites au partenaire dominé, bruits ô combien suggestifs des gants gélifiés sur son sexe. On rit donc, mais pas seulement.
Bubba Ho-tep porte également un émouvant regard sur la vieillesse, la solitude et la mort. Un très beau redorage de blason pour Elvis, mort sur un trône quelque peu humiliant, une bien belle revanche du peuple noir sur la discrimination. Le tout servi par une mise en scène originale, des effets spéciaux de qualité et la superbe musique de Brian Tyler, hors des sentiers battus des grosses productions américaines.