A l’Ouest, rien de nouveau
Le 16 février 2017
Ce western crépusculaire sans âme s’en remet à La Nuit du Chasseur et à une violence incompréhensible pour justifier ses lacunes. Bien peu pour une œuvre qui prétendait au Lion d’or à la 73e Mostra de Venise.
- Réalisateur : Martin Koolhoven
- Acteurs : Guy Pearce, Dakota Fanning, Kit Harrington
- Genre : Thriller, Western
- Nationalité : Américain, Néerlandais
- Durée : 02h28mn
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 22 mars 2017
- Festival : Festival de Venise 2016
Résumé : Dans l’Ouest américain, à la fin du XIX siècle. Liz, une jeune femme d’une vingtaine d’années, mène une vie paisible auprès de sa famille. Mais sa vie va basculer le jour où un sinistre prêcheur leur rend visite. Liz devra prendre la fuite face à cet homme qui la traque sans répit depuis l’enfance…
Notre avis : Sous couvert d’un récit entrelacé en quatre parties - pompeusement intitulées "Apocalypse", "Exodus", "Genesis" et "Retribution" -, Brimstone - qui reprend le titre d’un western réalisé par Joseph Kane en 1949 - déroule une accumulation de violences inépuisables, d’une gratuité souvent insoutenable. L’intrigue suit le destin monstrueux d’Elisabeth - Dakota Fanning, qui ne démérite pas -, toute son existence poursuivie par une sorte d’incarnation de démon. Avec une mise en scène élégante quoique fort conventionnelle, le réalisateur use et abuse de symboles religieux - le pire étend la silhouette d’ange de Kit Harrington - pour dépeindre l’horreur qu’était l’Amérique à la fin du 19ème siècle. L’homme est un loup pour l’homme, la femme traitée comme du bétail... toutes les fadaises habituelles sont de la partie. Sans aucune ambition autre que de prendre en otage le spectateur jusqu’à la nausée.
Le cinéaste a la prétention de faire de Brimstone un western crépusculaire à la Impitoyable alors qu’il ne débouche que sur une tautologie ridicule : celle d’une œuvre ne parvenant qu’à mimer inlassablement La Nuit du Chasseur - les cris dans la nuit, les cheveux dans l’eau... - sans jamais en comprendre la profondeur. Ou comment travestir le chef d’œuvre de Charles Laughton sous les hauts le cœur. Prenez Guy Pearce en guise de faux prophète en lieu et place de Robert Mitchum, extrapolez son rôle jusqu’à faire de lui un véritable père de famille et un révérend reconnu, et vous obtenez Brimstone. À la différence que toute la dimension métaphysique et tout le récit initiatique sur la filiation disparaissent, ne laissant qu’une coquille vide.
Il n’est pas rare d’entendre que le cinéma de Tarantino se complaît dans une violence sans fondement, que le gore n’y est qu’un moyen de divertir, etc. Grossière erreur que celle-ci lorsque l’on songe au signifié chaque fois scrupuleusement pensé par l’Américain, qui choisit ce moyen graphique comme partie intégrante de sa réflexion - en cela faut-il notamment revenir à Sergio Leone ou plus directement au Taxi Driver (Martin Scorsese, 1976) pour bien le comprendre. Or, toute cette nécessité dès lors qu’il est question d’une digression sur fond de plaies béantes n’est jamais à l’œuvre dans Brimstone. Langue coupée, viol, crâne brisé... rien ne vient jamais justifier les atrocités perpétrées à l’écran. Pas même le prétendu combat entre incarnation du bien (Elisabeth) et du mal (le révérend). Il en faudra bien plus à Martin Koolhoven, visiblement peu inspiré, pour compter parmi les auteurs de cinéma.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Marla 25 mars 2017
Brimstone - la critique du film
Quelle erreur de démolir ce film ! Il est formidable : http://bit.ly/2o38tUh
houbahop 2 mars 2018
Brimstone - la critique du film
Pourquoi tant de haine contre ce superbe film ?
Violence gratuite...? Prenons le cas du crâne brisé ; c’était à l’époque très fréquent lorsqu’on utilisait des forceps. Ce n’est donc pas gratuit , c’est juste un élément de la vie courante à l’époque
Pâle copie de la nuit du chasseur ? Mais le cinéma évolue constamment et il est quasi impossible de trouver un film qui ne fasse pas référence à d’autres films. Et pensez aux millions de gens qui n’ont pas votre culture et qui n’ont pas vu la nuit du chasseur...Que leur reste t il ? une histoire forte, fort bien amenée, avec des rebondissements jusqu’à la fin, de très belles images, un jeu d’acteur sans faille, une vision plausible des dérives religieuses et 2h00 qui passent sans qu’on s’en aperçoive. Bref un très bon moment passé au cinéma...on n’en demande pas plus et ça ressemble assez à un bon film...