Photo obsession
Le 15 octobre 2011
Aux confins de plusieurs genres, ce thriller paranoïaque est une rareté à l’efficacité redoutable. Derrière ces considérations artistiques, Brand est symptomatique des carences du cinéma autrichien à ne pas exporter certains de ses plus beaux joyaux hors de son écrin.
- Réalisateur : Thomas Roth
- Acteurs : Josef Bierbichler, Angela Gregovic, Erika Deutinger
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Autrichien
- Festival : Brussels Film Festival
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– Durée : 1h45mn
Aux confins de plusieurs genres, ce thriller paranoïaque est une rareté à l’efficacité redoutable. Derrière ces considérations artistiques, Brand est symptomatique des carences du cinéma autrichien à ne pas exporter certains de ses plus beaux joyaux hors de son écrin.
L’argument : Brand est un auteur à succès mais depuis que sa femme est tombée gravement malade, il n’arrive plus à pondre une seule ligne. Obsédé par la mort, il décide de photographier son agonie. À l’hôpital, il fait la connaissance d’Angela, une jeune infirmière séduisante qui devient sa maîtresse. Faut-il préciser que le mari de la belle, un flic particulièrement soupçonneux, ne l’entend pas de cette oreille ?
Notre avis : Depuis deux décennies, le cinéma autrichien ne s’est jamais aussi bien porté ; Michael Haneke étant le chef de file de ce renouveau qui débuta avec la présentation du Septième continent à la Quinzaine des Réalisateurs. Effectivement, c’est par le biais de la Croisette que le metteur en scène du Ruban blanc et toute la génération qui s’ensuit se sont fait remarquer hors des frontières de leur pays dans divers festivals de renommée mondiale (Ulrich Seidl à Cannes avec Import/Export ou Markus Schleinzer qui y défendait cette année Michael, mais aussi Revanche de Götz Spielmann qui a récolté différents prix à Berlin).
Seulement sorti en avril dernier sur les écrans nationaux, Brand n’a pas joui des mêmes faveurs, à savoir être révélé à l’étranger, si ce n’est tout de même de la part des organisateurs du Brussels Film Festival qui ont eu du flair pour dénicher et sélectionner cette vraie petite perle. Il est certain qu’au premier abord la carte de visite de Thomas Roth n’a rien d’affriolant puisqu’on lui doit quelques épisodes de séries policières d’aussi piètre qualité que Derrick, telles Trautmann et Tatort. À l’inverse, Brand est un thriller redoutable à la mise en scène éblouissante dans lequel les quatre personnages principaux sont entraînés dans une valse infernale d’autodestruction où l’amour et la mort se côtoient en permanence.
En axant son récit sur un écrivain en panne d’inspiration, Brand, qui immortalise sur pellicule les derniers jours de sa femme (atteinte d’une maladie incurable) à l’hôpital, Thomas Roth brouille savamment les pistes entre rêve, fantasme et réalité, dès l’instant où ce dernier se lance à corps perdu dans une passion torride et irréversible avec une jeune et trop belle infirmière, mariée à un policier un brin trop méfiant. Hormis un final poussif, ce huis clos assez proche de Revanche, par son ambivalence perpétuelle entre le confinement et l’immensité des lieux, est également doté d’une tension qui va crescendo n’étant pas sans rappeler l’univers malsain et onirique des Rêveurs de Tom Tykwer. Quoi qu’il en soit, cette œuvre quasi introuvable s’impose incontestablement comme l’une des plus belles découvertes de l’année.
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