Le 24 mars 2017
Original, drôle, ce film parodique appartient à la meilleure veine de la comédie italienne.
- Réalisateur : Mario Monicelli
- Acteurs : Vittorio Gassman, Adolfo Celi, Beba Loncar, Gigi Proietti, Sandro Dori, Paolo Villaggio
- Genre : Comédie, Aventures, Historique
- Nationalité : Italien, Algérien
- Distributeur : Planfilm Distribution
- Editeur vidéo : ESC Éditions
- Durée : 1h56mn
- Date télé : 20 juin 2024 23:36
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Box-office : 107.658 entrées Paris Périphérie (en 7 semaines)
- Titre original : Brancaleone alle Crociate
- Date de sortie : 23 novembre 1977
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– Année de production : 1970
Résumé : Malgré la perte de tous ses hommes, le chevalier Brancaleone poursuit son voyage vers la Terre Sainte. En chemin, une sorcière les rejoint et tombe immédiatement sous le charme du chevalier. Mais lorsque ce dernier participe à un tournoi afin de pouvoir impressionner Berta, la femme qu’il aime, la sorcière ordonne le massacre des croisés. Seul survivant, Brancaleone jure de les venger.
Critique : Avec ce film, Monicelli, sans doute l’un des cinéastes italiens les plus méconnus, signe une œuvre constamment inventive, héritière des romans picaresques, dont elle conserve la ligne générale (le trajet du héros lui fait rencontrer diverses couches de la société), mais aussi la liberté : les péripéties s’enchaînent, brassant les genres et les tons avec un égal bonheur. On reste stupéfait de cette imagination sans failles : le burlesque y côtoie le sérieux, le noble s’associe au graveleux, et jamais le rythme ne faiblit.
Brancaleone lui-même est un personnage attachant : bravache, sorte de matamore au verbe ampoulé, il fait preuve d’un vrai courage lors de combats qui tournent à la parodie (casque qui tourne sur lui-même, flot de sang …) ; Gassman lui prête son abattage réjouissant de grande gueule grimaçante. Mais il excelle aussi dans l’émotion, face à la mort du nain ou de la sorcière. Cabotin la plupart du temps, il incarne le destin humain, épuisant combat perdu d’avance. À ses côtés, c’est un aréopage d’éclopés : un aveugle, un unijambiste, un pénitent masochiste aux répliques savoureuses (« je prends des plantes urticantes pour ma couche »), un Allemand couard, mais aussi un lépreux et une sorcière. Monicelli sait utiliser chacun pour jouer d’à peu près tous les possibles : il dessine ainsi une époque de superstitions et de magie mêlées à la religion omniprésente ; mais c’est surtout l’extrême violence qui est mise en valeur : on torture, on pend, on brûle sans cesse, et parfois au nom de l’Église.
Cependant, si le film est encore très plaisant à regarder, c’est pour son humour, aussi incessant que varié : des disputes de papes au traducteur polyglotte (jusqu’à la langue des lépreux !), de la confession qui fait s’éventrer la terre à la princesse qui ne peut se donner que par le viol (et l’énumération des outrages qu’elle a subis est l’une des scènes les plus drôles), c’est un festival qui ne cesse de surprendre. D’autant que Monicelli soigne chaque séquence, jouant parfois l’esthétisme (la mort en reflet sur le bouclier, les dernières images aériennes) ou le gag purement visuel (les armées qui ne sont vues que par la poussière qu’elles dégagent) et son imagination débridée part dans tous les sens, ainsi des dialogues rimés de la fin. On pourra trouver aussi nombre de références, dont certaines sont dévoilées dans le bonus du DVD ; mais on pense également au Septième sceau de Bergman, par exemple. Bref, ce film rarement vu en France est un plaisir continu, dont on ne saurait se priver, surtout dans une copie qui lui redonne son éclat.
Les suppléments :
Dans un court entretien, Stéphane Roux revient sur le film sous différents aspects : réception, statut de suite, vision du Moyen Âge, la carrière de Gassman … Très intéressant, trop rapide (10mn). À quoi s’ajoutent quinze minutes des bandes-annonces de la collection.
L’image :
Bien restaurée en général, la copie présente de menus défauts : petits problèmes de stabilité, couleurs pâlottes sur quelques plans, mais rien de rédhibitoire.
Le son :
Certes, quelques chuintements ou stridences gâchent quelque peu la fête, mais ce sont là vétilles pour un ensemble clair et parfaitement audible. Pas de version française.
– Sortie DVD et Blu-ray : 28 mars 2017
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