This boy wants you back again
Le 2 septembre 2012
Faiseur indépendant assemblé sur les chaînes de montage du festival Sundance, le néo-zélandais Waititi camoufle au mieux son numéro de série derrière un paravent Kiwi/Maori accessoire mais inédit. Chronique de la Gloire de mon père australo-vintage.
- Réalisateur : Taika Waititi
- Acteurs : James Rolleston, Te Aha Eketone-Whitu
- Genre : Comédie, Drame
- Nationalité : Néo-zélandais
- Durée : 1h28mn
- Titre original : Boy
- Date de sortie : 12 septembre 2012
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Faiseur indépendant assemblé sur les chaînes de montage du festival Sundance, le Néo-zélandais Waititi camoufle au mieux son numéro de série derrière un paravent Kiwi/Maori accessoire mais inédit. Chronique de la Gloire de mon père australo-vintage.
L’argument : Boy, onze ans, habite dans un village maori avec sa grand-mère, son petit frère Rocky, et une tribu de cousins. Il vit dans un monde imaginaire, est fan de Michael Jackson et de son nouveau tube "Thriller". L’autre héros de Boy est Alamein, père absent que le jeune garçon imagine tantôt en samouraï maori, tantôt en star du rugby ou encore en intime du roi de la Pop.
Après sept ans d’absence, lorsque Alamein rentre à la maison, Boy va devoir confronter ses rêves à la réalité...
Notre avis : On connait très bien Taika Waititi, son esthétique de vide-grenier, son imaginaire de vidéoclub eighties, ses survêts de récup et son humour en demi-teinte. On le connait d’autant mieux que Boy garde la plupart des tâches de naissance de son premier effort, Eagle vs Shark, en lui ajoutant des Maoris prétextes qui auraient très bien pu venir du Minnesota. Déjà couturé de réflexes indés (marginalité, autisme, familles éclatées, cadres symétriques et pop alternative) le film de 2007 s’appuyait sur le génie quasi-involontaire de Jemaine Clement (Flight of the conchords) et un humour au degré indécelable (un peu comme celui de Jared Hess/Napoleon Dynamite) pour se maintenir hors-la-case de la petite comédie hipster prédécoupée.
Boy, lui, s’il n’est pas moins drôle (enfin si, puisque Jemaine Clement n’est plus là) et va se chercher - dans le drame du quasi-orphelin et la bio de son auteur -des raisons de passer pour un film plus respectable, restera un loup blanc parmi les loups blancs, plein d’un amour pour la meute qui le perdra. Vous avez déjà croisé ailleurs nombre des motifs usinés par Waititi, qu’il s’agisse des mômes claquemurés dans leur constellations mentales (films, comics, cassettes de Michael Jackson) pour gratter une remise de peine, des fantasmes familiaux explosés sur le réel, de la noyade sociale versus le système D des laissés pour compte, de la typo cm1 piquée au Jack de Coppola et même d’une réal gadgétisée (non, les rêves de superpouvoirs d’un gamin ne ressemblent toujours pas aux dessins qu’il fait dans ses cahiers) pour sortir d’une mise en scène par ailleurs naturaliste mais jamais crade. Il faut rester chic, puisqu’il paraît que Taika est aussi peintre. D’ailleurs, ses plans, pourtant bien composés et pas mal éclairés, font penser au mieux à du Wes Anderson industriel (comme lorsqu’il parvient à isoler Boy au centre des cadres les plus fournis) et au pire à un documentaire sans idées sur la Nouvelle-Zélande rurale.
Comme dans Eagle vs Shark, c’est lorsque le comique Waititi dérape qu’il est le plus intéressant, capturant bien mieux le ridicule qu’un pathos visiblement craint comme la peste et systématiquement repoussé par d’impénétrables enfants-frigos. Personne n’exigeait une mine de larmes, mais la colère brute de Boy est trop tardive pour nous ferrer le cœur. On retiendra donc les étranges chorégraphies jacksoniennes, moitié Haka, moitié Thriller, quelques scènes profondément réussies (le retour de papa et de son gang démissionnaire incapables de communiquer avec des enfants), les potes de Boy peints en bleu pour des raisons qui nous échappent encore aujourd’hui, et surtout le fait qu’Alamein (joué par Waititi), à la fois père idéalisé et chair à quolibets, soit lui-même la proie d’une auto-fumigation par le mythe (en tant que petite frappe incompétente obsédée par Shogun), prouvant par là que les parachutes de l’imaginaire, parallèles à ceux de son fils, ne préviennent pas tous les crashes. En tout cas, tout ça fonctionne bien mieux que cette histoire de trésor métaphorique (en forme de lien filial) enterré sous le jardin, que les deux personnages cherchent à déterrer ensemble.
Boy n’est pas un film, mais plusieurs envies de film compromises par une cohabitation dont Waititi ne maitrise jamais tout à fait les équilibres. Avec sa tronche d’outsider barréaliste et son récit entre deux chaises, ni trop douloureux, ni trop cinglé, on sait qu’il est le prototype même du film de festival « sympathique et fauché » qui fera passer ses louangeurs « du rire aux larmes » . Dommage, il y a pourtant un moteur chez ce cher Taika qu’on aimerait entendre à plein régime.
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