Le 22 juin 2019
Le portrait haut en couleur d’un personnage autant réel que fictionnel, Linn da Quebrada qui irradie totalement l’écran par sa présence, son charisme, et son courage identitaire. Un documentaire qui servira d’emblème à la lutte contre les discriminations. Profond et bouleversant.
- Réalisateurs : Kiko Goifman - Claudia Priscilla
- Acteur : Linn da Quebrada
- Genre : Documentaire, LGBTQIA+
- Nationalité : Brésilien
- Distributeur : Arizona Distribution
- Durée : 1h15mn
- Date de sortie : 26 juin 2019
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Résumé : Portrait électrisant de Linn da Quebrada, artiste à la présence scénique extraordinaire qui réfléchit sur le genre et ose affronter avec un rare panache le machisme brésilien. Le corps féminin trans comme moyen d’expression politique.
Notre avis : Armée d’un projecteur manuel où apparaît le titre du film, la belle Linn da Quebrada arpente un lieu qui pourrait être une rue, une scène de théâtre, un décor de cinéma. Bref, nous voilà dès la première séquence de ce film plongés dans un espace qui raconte autant le destin hors de commun de ce travesti brésilien que la totale réinvention narrative de ce personnage, autant réel qu’imaginaire. Elle est chanteuse. Devant une salle exaltée, elle récite un texte facétieux et provocateur qui parle de sexe et de luxure, les doigts gantés de la célèbre arme de Freddy dont on se souvient encore qu’il hantait les rêves des teenagers américains des années 80-90.
- © Arizona Films
Linn est poète, récitatrice, comédienne, danseuse, écrivaine, slameuse diraient les jeunes. Elle endosse tous les arts devant une caméra où elle se fond avec facilité. En quelque sorte, cette héroïne des temps modernes joue son propre rôle dans un Brésil dont on connaît le funeste destin politique depuis peu. Elle représente le chantre d’une féminité totale, dont le projet est de recomposer le monde, et la place que la société mondiale donne aux transgenres et aux femmes plus généralement. Elle rentre en guerre, avec pour armes principales son corps sensuel et provocateur, et surtout une verve poétique qui rend hommage aux peuples discriminés, ceux qu’elle appelle la bande des exclues. Un brin vulgaire, elle transforme la musique en un instrument de combat, autant contre elle-même que contre la société, en faveur de laquelle elle défend la liberté d’être et de penser. On la regarde chanter, cuisiner en famille, se faire maquiller, et toujours, en creux, demeure la question sensible des discriminations, particulièrement quand, en plus d’être transgenre, on est issu des quartiers pauvres. Et l’on perçoit que cette assurance que Linn prône devant la caméra ou sur scène jusqu’à parfois mettre en scène son propre sexe, est le résultat d’une lutte cruelle et longue pour le bonheur et le droit à devenir soi.
- © Arizona Films
Le montage astucieux juxtapose différentes séquences de concert pour une même chanson. On reconnaît à chaque fois sa façon si unique de scander le droit de disposer de son identité sexuelle, indépendamment du recours à la transformation physique ou aux traitements hormonaux. Bixa Travesty est un film sur la liberté qui doit échapper aux carcans normatifs, médicaux et sociologiques. Les cinéastes choisissent un ton volontairement léger. Ils s’attachent à une photographie soignée et mettent en scène leurs personnages dans des postures quasi théâtrales, qui font penser à un film d’Almodóvar. En fait, ce point de vue à contretemps d’une dramatisation de la condition de travesti au Brésil, fait de ce film une sorte de comédie sociale en faveur d’une lutte contre les discriminations, pour le droit à une sexualité libre et respectueuse, autour de ce drôle de concept, défendu par Linn, la trav-tapette. Linn réécrit son corps, même malade, comme un écrivain ferait de sa vie une œuvre pour la littérature.
- © Arizona Films
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