Le 19 avril 2017
La maîtrise de Klimov et le scénario à double fond sauvent ce premier film de la comédie anodine.


- Réalisateur : Elem Klimov
- Acteurs : Eugene Eoustikiev, Arina Aleinikova
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Russe
- Editeur vidéo : Potemkine
- Durée : 1h14mn
- Titre original : Dobro pozhalovat, ili postoronnim vkhod vospreshchyon
- Date de sortie : 25 avril 2017

L'a vu
Veut le voir
– Ce film fait partie du coffret Potemkine consacré à Larissa Chepitko et Elem Klimov ; sortie le 25 avril 2017
– Année de production : 1964
Résumé : Un camp de pionniers. Le directeur Dynine, apparemment chaleureux a en fait un tempérament rigide et froid. Il multiplie les interdictions dans un but prétendument éducatif. Mais l’ordre rigoureux instauré par le directeur est bientôt troublé par l’indépendance d’esprit dont fait preuve le jeune Kostia Inotchkine.
Notre avis : Pour son premier long-métrage, Klimov choisit une pochade sur des enfants en colonie soviétique. Il en fait un film plaisant, alerte, au rythme soutenu. A priori rien que d’innocent, entre bonnes blagues et critique anodine du monde des adultes. Lumineux, Soyez les bienvenus emprunte au burlesque (le ballet accéléré des infirmières, la poursuite du cochon), mais tient plus de la comédie enfantine bon enfant que le cinéaste maîtrise parfaitement avec son sens du tempo, du cadrage et ses effets de montage. Les plaisanteries des enfants, la chute dans les orties, le camouflage de Kostia par un violoncelle, tout cela est agréable et ne prête pas à conséquence.
- © Potemkine
Mais très tôt, dès la première séquence, on comprend que derrière ce monde enfantin se cache une satire du monde soviétique : très habilement, Klimov cadre le bain des gamins de très près. Dès que le champ s’élargit, on voit qu’ils sont parqués par un filet. À partir de là une lecture seconde irrigue le film ; ce camp étouffant par ses règles (même le défilé obéit strictement à un règlement) devient une métaphore de la société communiste dans laquelle l’espionnage et la délation sont monnaie courante, les comportements encadrés. Obligés de scander des slogans optimistes, les enfants sont les victimes d’un système qui les bride sans cesse. Kostia, après son bannissement, se transforme en résistant camouflé et sape l’autorité en gagnant à sa cause la population. Du coup, le film, avec sa fantaisie qui conduit les gens à voler, n’est plus seulement une joyeuse comédie, mais aussi, et surtout, une ode à la liberté inattendue.
- © Potemkine
Amusant, plus percutant qu’il n’y paraît, Soyez les bienvenus résonne comme une satire alerte et soignée dans laquelle Klimov dévoile une mise en scène à l’allant certain. Certes, le film reste une œuvre mineure, loin des drames à venir, denses et profonds ; mais son dynamisme et sa férocité cachée en font un objet étrange, une découverte assurément.