Baba Coe
Le 4 février 2003
Irrésistible galerie de portraits d’adolescents dans l’Angleterre des années 70.
- Auteur : Jonathan Coe
- Editeur : Gallimard
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Anglaise
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Galerie de portraits irrésistibles, Jonathan Coe raconte, dans Bienvenue au club, l’adolescence de trois copains de lycée durant les années 70 dans la banlieue londonienne. Epoustouflant et drôle.
Jonathan Coe a de la suite dans les idées. Après avoir traité les années Thatcher dans le furibard Testament à l’anglaise, c’est les années 70 vues depuis la ville de Birmingham qui sont passées sur le grill dans Bienvenue au club. Et la boucle sera bouclée lorsque, comme l’annonce l’auteur en fin de volume, il aura publié Le cercle fermé, son récit des années 90 avec les mêmes personnages que ceux réunis dans Bienvenue au club.
Car des personnages, il y en a une véritable flopée ! Articulée autour de trois ados, Benjamin, Doug et Philip, l’histoire débute au début des années 70, lorsque la mode est encore aux pattes d’éph’ et au Flower Power. Des ados comme les autres, qui rêvent de gloire, de célébrité et de filles inaccessibles. Et les filles, c’est pas ce qui manque ! Mais quand on a quinze ans, aborder une fille relève du parcours du combattant, surtout si elle est déjà prise.
Ben et Philip veulent former un groupe et entrer dans l’histoire de la musique. Ils gratouillent dans leurs chambres, rêvent d’égaler les géants du blues ou du glam. Sans s’apercevoir que le paysage est en train de changer et que leurs morceaux à rallonge vont être balayés par les compos courtes et musclées des groupes punks. Ben ambitionne aussi de devenir écrivain. On reconnaît derrière cet adolescent réservé et maladroit le portrait à peine voilé de l’auteur lui-même. Doug, lui, rédige des articles pour le journal du lycée, n’a d’yeux que pour Claire qui en pince pour Benjamin qui est dingue de Cicely.
On ajoute à cette galerie un prof surnommé "Plume dans le c..." qui drague impunément la mère de Philip, une secrétaire nymphomane, un fieffé salaud répondant au nom de Culpepper, roi des coups tordus avec ceux de sa classe. On continue avec le père de Doug, haut responsable syndical amant de la soeur de Claire, et Paul, le petit frère de Benjamin, emmerdeur et râleur patenté. On n’oublie pas Loïs, la sœur aînée et confidente de Benjamin, la "minette cherchant un chevelu". Le tout dans une Angleterre où les syndicats rêvent encore de faire évoluer la condition ouvrière grâce à la grève, et où l’IRA dépose des bombes à l’aveugle. Une Angleterre déjà rongée par le National Front, où tout espoir de progrès social fond comme neige au soleil à mesure que se profilent les années Thatcher.
Tout ça servi par un style alternant sans cesse les procédés narratifs. Coe effectue un va-et-vient permanent entre les voix des personnages, tricote son récit avec des articles écrits pour la revue du lycée, des lettres ou des extraits de journal intime. Le rythme est effréné, l’ensemble jubilatoire. Deux personnages féminins sont particulièrement attendrissants, la belle Cisely et Loïs, la soeur de Benjamin. Pas facile de traverser une crise d’adolescence dans un pays et une période pareils, semble nous suggérer Coe. Pas facile... Mais en y repensant, presque trente ans après, il en retire de sacrés souvenirs !
Jonathan Coe, Bienvenue au club (The Rotter’s club, traduit de l’anglais par Jamila et Serge Chauvin), Gallimard, 2003, 529 pages, 19,50 €
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