Benjamin - Simon Amstell - critique

Critique : Humoriste, scénariste et comédien, Simon Amstell a écrit et joué un spectacle, Do Nothing, (2009), où il évoque sa difficulté à communiquer avec les autres, sa sexualité, ses influences juives, et ses relations parfois tendues avec sa famille. En 2012, sa seconde création scénique Dumb, disponible sur Netflix, a confirmé cette veine, avant qu’il ne s’oriente vers des productions de la BBC. Premier long métrage de cinéma bien accueilli au Festival Chéries-Chéris, Benjamin est un film attachant, dans lequel le jeune réalisateur cultive avec aisance l’art de l’autodérision, le caractère autobiographique du scénario allant dans ce sens : « BENJAMIN est un film inspiré de mes propres peines de cœur et du fait d’avoir fait passer ma carrière avant tout, depuis mes 13 ans. J’ai fini par comprendre que, comme Benjamin, j’étais à la recherche de l’amour d’un public alors que ce dont j’avais vraiment besoin, c’était d’une réelle intimité. J’étais assis dans le train pour rentrer chez moi lorsque j’ai commencé à écrire des souvenirs de toutes mes relations passées. Deux relations sortaient du lot comme étant les plus drôles et conflictuelles », a ainsi déclaré Simon Amstell dans les notes d’intention.

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Le film débute par une double mise en abyme, un jeune homme filmé à la campagne s’avérant être le personnage d’une vidéo téléchargée sur le smartphone d’un protagoniste, lui-même acteur du « film dans le film » tourné par Benjamin. Ce procédé décalé est à l’image du reste de la narration, qui oscille entre le premier et le second degré et cultive avec aisance le mélange des genres, entre mélancolie et burlesque, cinéma d’introspection et divertissement. Bien sûr, le cinéaste pourra sembler lorgner un peu trop sur l’inspiration d’un certain cinéma indépendant anglophone, qui a fourni tant d’œuvres de ces trente dernières années, en mode majeur (Woody Allen) ou mineur (de Tom DiCillo à Greta Gerwig).

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Si le métrage s’apparente plutôt à la seconde catégorie, c’est par une propension à s’attarder sur des clichés : cliché de l’artiste en panne d’inspiration, écartelé entre la fidélité à son art et le désir de reconnaissance ; clichés conventionnels comme ceux du génie incompris ou du jeune frenchy tentant sa chance à Londres ; clichés d’un cinéma gay friendly cédant aux sirènes du jeunisme et de plans incontournables avec éphèbes torse nu. Et pourtant le charme opère, de par la sincérité d’un cinéaste qui parvient à rendre attachants des personnages stéréotypés, une habileté dans la description du microcosme artistique anglais, et une direction d’acteurs impeccable. Les seconds rôles sont réjouissants, à l’instar de Joel Frey en comique dépressif ou Nathan Stewart-Jarrett en ex-amant cinglant. Mais c’est surtout le couple central qui capte l’attention. Colin Morgan en cinéaste perturbé a un réel charisme et de faux airs de Rupert Everett. Quant à Phénix Brossard, il confirme le magnétisme qu’il dégageait dans Little Joe de Jessica Hausner.

Entretien avec Phénix Brossard