Le 3 février 2009
Deux beaux films illustrent cette semaine notre aspiration pour l’immortalité, et déclinent magistralement nos angoisses morbides : Benjamin Button et Morse. Dans leur genre, deux belles leçons de cinéma.
Deux beaux films illustrent cette semaine notre aspiration pour l’immortalité, et déclinent magistralement nos angoisses morbides : Benjamin Button et Morse. Dans leur genre, deux belles leçons de cinéma.
Fincher flirte avec le classicisme, voire l’académisme. Doit-on y voir là un signe de maturité qui l’écarte de l’impulsion technicienne des ses premiers longs, aux reflets géniaux de longs clips et films publicitaires ? Ou n’est-ce pas là une stratégie pour recevoir ses premières statuettes ? Après tout, son dernier opus est bien sorti en fin d’année aux USA, période opportune(-iste) pour se voir assigner à comparaître aux Golden Globes et aux American Academy Awards.
Cet assagissement avait tout pour nous faire peur, tant les torpeurs du cinéma dit à Oscars ennuient profondément notre rédaction. Pourtant, force est d’admettre que cette semaine, parmi les nombreuses sorties, toutes variées, L’étrange destin de Benjamin Button est de très loin l’œuvre la plus puissante, et sûrement la plus obsédante de cette première fournée marquant le début des vacances d’hiver. En jouant avec l’angoisse universelle du vieillissement, le cinéaste nous met le dos au mur et nous livre un manifeste sur la vie pour mieux affronter nos peurs morbides. Le plaisir pinçant de revoir Brad Pitt rajeunir s’accompagne paradoxalement d’une nostalgie pour l’avènement du comédien, au début des années 90, mais surtout d’une mélancolie douloureuse sur cette vingtaine d’années vécues. Merde, Thelma et Louise, c’était il y a 19 ans déjà...
Et comme pour enfoncer le clou, le cinéma nous abreuve cette semaine d’une deuxième source de fantasme de jeunesse éternelle, à travers un film de vampire intimiste. Le sensible et subtil Morse, qui vient de recevoir, à juste titre, le Grand Prix du festival de Gérardmer, n’est pas un monstre commercial lambda, mais une romance lente et envoutante entre deux préados, l’un bien de notre monde et l’autre des ténèbres, qui lui ont conféré l’immortalité.
De ce désir d’immortalité qui sommeille en chacun de nous, on peut se demander si ce n’est pas de là que provient l’engouement intemporel pour les Lestat et autre Dracula. Et plus globalement pour le 7e art. Les stars étaient, sont et demeureront éternelles. A l’écran et dans nos mémoires. Mais nous, simples mortels, quel triste sort nous attend-t-il ? Brad se chargera dès aujourd’hui de vous suggérer un soupçon de réponse. Vous en sortirez bouleversés.
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