C’est l’amour à la plage
Le 1er juillet 2018
Ils sont beaux, musclés, ils ont le torse luisant au soleil. Pas de chance, l’un d’eux aime les hommes. La réalisatrice new-yorkaise Eliza Hittman parvient à nous faire partager les tourments de ce gamin de Brooklyn qui se cherche une place parmi les siens tout en dissimulant son secret inavouable.
- Réalisateur : Eliza Hittman
- Acteurs : Harris Dickinson, Madeline Weinstein, Kate Hodge, Frank Hakaj, David Ivanov
- Genre : Drame, Romance, LGBTQIA+, Drame social
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Optimale
- Durée : 1h38mn
- VOD : le 25 janvier 2018
- Titre original : Beach Rats / Beach Rats (titre vidéo France) / Les Bums de la plage (titre québécois, titre Netflix)
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Sortie DVD : le 16 mars 2018
Résumé : Frankie, un adolescent paumé vivant aux abords de Brooklyn, passe un été épouvantable. Entre son père mourant et sa mère qui insiste pour qu’il se trouve une petite amie, il tente d’échapper à la désolation de la vie de famille en trainant à la plage avec son groupe d’amis.
Notre avis : Quatre ans après son premier film, It felt like love qui narrait une histoire d’amour relativement classique sur les plages de Brooklyn, Eliza Hittman a fait le choix de rester dans le même cadre mais d’aborder la question de l’éveil à la sexualité sous un angle un peu plus original. Plutôt que de suivre une jeune fille qui a du mal assumer son attirance pour les mauvais garçons de son quartier, c’est cette fois à l’un de ces adolescents qu’elle s’attache, et nous faire partager ses doutes alors qu’il se découvre homosexuel.
Toute la force de Beach Rats est dans la mise en images de cette intériorité conflictuelle de Frankie, qui refuse d’assumer ses goûts pour les hommes plus âgés que lui, préférant se plier à l’image stéréotypée de sa bande de potes, qui sacralisent leur virilité, autant qu’à l’envie de sa mère de le voir avec une petite amie. Mais, au-delà de cette pression sociale oppressante que peuvent ressentir les homosexuels, c’est évidemment le sujet, bien plus universel, du regard des autres qui est au cœur du parcours de ce new-yorkais de 19 ans.
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En plus de l’intimité tourmentée de cet ado, et ce qui fait que ce film n’est pas qu’une redite gay friendly du précédent, la grande réussite d’Eliza Hittman est la façon très crue dont elle filme le quotidien de ces jeunes qui errent sur les faubourgs en bords de mer, le torse nu et les muscles en avant. Une mise en scène immersive qui, en particulier dans les passages nocturnes, n’est pas sans rappeler celle des premiers films de Larry Clark, une petite touche de poésie romantique en plus.
Mais là où naît cette sensualité, ce n’est certainement pas dans les scènes sur la plage, où Frankie drague une midinette en bikini. Ces scènes souffrent en effet volontairement du malaise du jeune homme. Ce sont davantage les scènes, qu’il aurait été facile de présenter comme glauques ou dégradantes, dans lesquelles Frankie regarde des vidéos d’hommes nus sur Internet que la réalisatrice parvient à rendre des plus légères. Un constat de l’air du temps, où la sexualité des nouvelles générations se créé en ligne plutôt que, à ciel ouvert et les yeux dans les yeux.
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Ces quelques jours passés au côté de Frankie ont également été choisis parce qu’il s’agit de la période très difficile pendant laquelle il assiste, impuissant, aux dernières heures de son père, malade d’un cancer. Si cette piste alimente un peu la fragilité émotionnelle du jeune antihéros, elle n’apporte pas davantage à l’intensité mélodramatique globale du long-métrage, et pourrait même être interprétée comme une des raisons qui pousseraient Frankie à se rapprocher d’hommes plus âgés. Heureusement, l’interprétation de Harris Dickinson permet de donner plus de profondeur à son personnage.
C’est grâce à lui que chacune des scènes où Frankie se retrouve seul face à lui-même à affronter ses contradictions, est un moment bouleversant. On pourrait ainsi presque regretter que le rythme s’accélère dans la dernière demi-heure et se donne, jusqu’au plan de fin et à son immanquable image subliminale, moins de temps pour de tels instants introspectifs. Le retour de la violence dans ce récit romanesque (qu’il serait impossible d’évoquer davantage ici sans spoiler) est toutefois une étape inévitable dans ce qu’Eliza Hittman a voulu raconter de cette Amérique où l’esprit de rébellion des jeunes ne dissimule en fait rien d’autre qu’un conformisme dont il difficile de s’échapper.
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